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HORACE &... MONTAIGNE

— Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) —

 


 
(...)
il m'a tousjours semblé,
qu'en la poësie,
Virgile, Lucrece, Catulle,
et Horace,
tiennent de bien loing
le premier rang
(...)
 
les Essais - Livre II
Chapitre X - Des livres
 


 

TOUTES LES CITATIONS
D'HORACE
DANS "LES ESSAIS"

 

"Horace ne se contente point d'une superficielle expression, elle le trahiroit. Il voit plus cler et plus outre dans la chose; son esprit crochette et furette tout le magasin des mots et des figures pour se représenter; et les luy faut outre l'ordinaire, comme sa conception est outre l'ordinaire."

(les Essais, Livre III, Chapitre V, Sur des vers de Virgile)


SENTENCE PEINTE DANS LA "LIBRAIRIE" :
QVID ÆTERNIS MINOREM CONSILIIS ANIMVM FATIGAS
(Odes, II, xi )
(Pourquoi fatiguer ton esprit d'éternels projets qui le dépassent?)

Les citations et leurs traductions proviennent de l'édition des œuvres complètes de Montaigne dans la “Bibliothèque de la Pléiade”, Gallimard éd.
Elles composent en quelque sorte un Florilège d'Horace.

LIVRE I

I, viii

De l'oisiveté

velut aegri somnia, vanae
Finguntur species

Comme des songes de malade
Se forgent de vaines chimères
(Art Poétique 7)

I, xi

Des prognostications

Prudens futuri temporis exitum
caliginosa nocte premit deus
ridetque, si mortalis ultra
fas trepidat.

C'est par prévoyance qu'un dieu
Cache dans l'ombre l'avenir,
Et que d'un mortel il se rit
Qui s'affole plus qu'il ne doit.
(Odes III xxix 29-32)

Ille potens sui
laetusque deget cui licet in diem
dixisse: 'Vixi': cras uel atra
nube polum Pater occupato
uel sole puro;

Maître de lui-même est celui
Qui dit du jour: "Je l'ai vécu!"
Qu'importe que demain le Père
Emplisse le ciel d'un orage
Ou nous procure un pur soleil!
(Odes III xxix 40-44)

Laetus in praesens animus, quod ultra est,
Oderit curare

L'âme joyeuse du présent
N'aura nul souci de la suite
(Odes II xvi 25)

I, xvii

Un traict de quelques ambassadeurs

Optat ephippia bos piger, optat arare caballus

Le boeuf lent veut la selle et le bidet le soc
(Epîtres I xiv 43)

I, xx

Que philosopher, c'est apprendre à mourir

omnes eodem cogimur, omnium
uersatur urna serius ocius
sors exitura et nos in aeternum
exilium impositura cumbae.

Tous poussés vers le même lieu
Notre sort s'agite dans l'urne
Il en sortira tôt ou tard
Nous fera monter dans la barque
Pour la mort éternelle
(Odes II iii 25-28)

non Siculae dapes
Dulcem elaborabunt saporem
Non avium cytharaeque cantus
Somnum reducent

Ni les agapes de Sicile
N'auront pour lui de saveur douce
Ni chants d'oiseaux ni son de lyre
Ne le conduiront au sommeil
(Odes III i 18-20)

Quid quisque vitet, nunquam homini satis
Cautumest in horas

Le danger qu'il convient d'éviter à chaque heure
Jamais un être humain ne le prévoit assez.
(Odes II xiii 13-14)

praetulerim delirus , inersque videri,
Dum mea delectent mala me, vel denique fallant,
Quam sapere et ringi.

J'aimerais mieux passer pour fol et demeuré
Pourvu que mes travers en m'abusant me plaisent
Que d'être sage et d'enrager
(Epîtres II ii 126-128)

Nempe et fugacem persequitur virum,
Nec parcit imbellis juventae
Poplitibus, timidoque tergo.

Certes il poursuit encor l'homme mûr dans sa fuite
Sans épargner non plus de la lâche jeunesse
Les jarrets ni le dos couard
(Odes III ii 14-16)

Omnem crede diem tibi diluxisse supremum.
Grata superveniet, quae non sperabitur hora.

Tiens pour ton dernier jour chaque jour qui te luit
Bénis-en la faveur et l'heure inespérée.
(Epîtres I iv 13-14)

Quid brevi fortes jaculamur aevo
Multa ?

Pourquoi dans ce temps court tant de projets ardents ?
(Odes II xvi 17)

Non vultus instantis tyranni
Mente quatit solida, neque Auster
Dux inquieti turbidus Adriae,
Nec fulminantis magna Jovis manus.

Ni le regard d'un tyran menaçant
N'ébranle un coeur qui reste imperturbable
Ni l'Auster faisant rage en mer Adriatique
Ni Jupiter à la main lance-foudre.
(Odes III iii 3-6)

...in manicis, et
Compedibus, saevo te sub custode tenebo.
Ipse Deus simul atque volam, me solvet: opinor,
Hoc sentit, moriar. Mors ultima linea rerum est.

Fers aux pieds et aux mains, je te ferai garder
Par un geôlier farouche. -Un dieu m'affranchira.
-Je mourrai, veux-tu dire: en la mort tout finit.
(Epîtres I xvi 76-78)

I, xxvi

De l'institution des enfans

Vitamque sub dio et trepidis agat
In rebus

Et qu'il vive en plein air au milieu des alarmes
(Odes III ii 5)

...sapere aude,
Incipe: vivendi qui recte prorogat horam
Rusticus expectat dum defluat amnis: at ille
Labitur, et labetur in omne volubilis aevum

Ose être sage, va!
Qui tarde à vivre bien ressemble au campagnard
Attendant pour franchir un cours d'eau que l'eau parte,
Alors que l'eau du fleuve éternellement coule.
(Epîtres I ii 40-43)

Aeque pauperibus prodest, locupletibus aeque;
Et, neglecta, aeque pueris sensibusque nocebit.

Egalement utile aux pauvres comme aux riches,
L'enfant et le vieillard qui l'oublient pâtiront.
(Epîtres I i 25-26)

Omnis Aristippum decuit color, et status, et res.

Tout costune, état, sort, fut bon pour Aristippe.
(Epîtres I xvii 23)

quem duplici panno patientia velat
Mirabor, vitae via si conversa decebit
Personamque feret non inconcinnus utramque

Qui d'un haillon plié patiemment se vêt,
Je veux bien l'admirer s'il s'accorde au costume
Et s'il sait aisément se tirer des deux rôles.
(Epîtres I xvii 25-26 29)

Verbaque praevisam rem non invita sequentur

Si l'on tient son sujet, les mots suivront sans faute.
Art poétique 311

Emunctae naris, durus componere versus

Son goût est délicat, mais ses vers raboteux.
Satires I iv 8

Tempora certa modosque, et quod prius ordine verbum est,
Posterius facias, raeponens ultima primis,
Invenias etiam disjecti membra poetae.

Otez rythme et mesure et changez les mots d'ordre,
Ce qui vient en premier, mettez-le le dernier;
Les membres dispersés du poète sont là.
(Satires I x 58-63)

I, xxvii

C'est folie de rapporter le vray et le faux ...

Somnia, terrores magicos, miracula, sagas,
Nocturnos lemures portentaque Thessala

Songes, envoûtements, prodiges, sorcières,
Fantômes de la nuit, merveilles thessaliennes.
(Epîtres II ii 208-209)

I, xxviii

De l'amitié

Desinit in piscem mulier formosa superne

Un beau corps féminin qui finit en poisson.
(Art poétique 4)

...et ipse
Notus in fratres animi paterni

Connu pour mon amour de père envers mes frères
(Odes II ii 6)

Nil ego contulerim jucundo sanus amico

Rien pour un esprit sain n'égale un tendre ami.
(Satires I v 44)

Illam meae si partem animae tulit
Maturior vis, quid moror altera,
Nec charus aeque nec superstes
I integer? Ille dies utramque
Duxit ruinam.

Ah! si le sort ravit la moitié de mon âme,
Que fais-je donc ici, moi son autre moitié,
Qui ne me suis plus cher et ne me survis point ?
Le même jour nous a précipités tous deux.
(Odes II xvii 5)

Quis desiderio sit pudor aut modus
Tan chari capitis?

Pourquoi rougir du regret que j'en ai ?
Et me contraindre en pleurant tête chère
(Odes I xxiv 1)

I, xxx

De la modération

Insani sapiens nomen ferat, aequis iniqui,
Ultra quam satis est virtutem si petat ipsam.

Appelons fou le sage,injuste l'homme juste,
Si plus fort qu'il ne sied ils vont à la vertu.
(Epîtres I vi 15-16)

I, xxxi

Des cannibales

sterilisque diu palus aptaque remis
Vicinas urbes alit, et grave sentit aratrum.

Et ce marais, longtemps stérile et bon aux rames,
Nourrit maintes cités et supporte un lourd soc.
(Art poétique 65-66)

I, xxxvii

Du jeune Caton

virtutem verba putant, ut.
Lucum ligna.

La vertu n'est qu'un mot, le bois sacré du bois,
Telle est bien leur pensée.
(Epîtres I vi 31-32)

I, xxxix

De la solitude

ratio et prudentia curas,
Non locus effusi late maris arbiter,aufert.

C'est sagesse et raison qui dissipent nos peines,
Non les lieux d'où l'on voit un horizon marin.
(Epîtres I ii 25-26)

Et post equitem sedet atra cura.

Le chagrin monte en croupe et suit le cavalier.
(Odes III i 40)

Quid terras alio calentes
Sole mutamus? patria quis exul
Se quoque fugit ?

Sous d'autres soleils que va-t-on chercher ?
En quittant son pays, que fuit-on que soi-même ?
(Odes II xvi 18-20)

In culpa est animus qui se non effugit unquam

"Nostre mal nous tient en l'ame: or elle ne peut échaper à elle mesme" (trad. Montaigne)
(Epîtres I xiv 15)

tuta et parvula laudo
Cum res deficiunt, satis inter vilia fortis;
Verum ubi quid melius contingit et unctius, idem
Hos sapere, et solos aio bene vivere, quorum
Conspicitur nitidis fundata pecunia villis.

Sans fortune je vante un petit avoir sûr,
Et suis content de peu; mais qu'un destin meilleur
Me donne l'opulence, alors je dis bien haut
Qu'il n'est d'heureux au monde et de sage que ceux
Dont les revenus sont fondés en bonnes terres.
(Epîtres I xv 42-46)

"Conentur sibi res, non se submittere rebus."
 
(adaptation par Montaigne du vers d'Horace suivant:
Et mihi res, non me rebus submittere conor.)

"Se soumettre les biens, non se soumettre aux biens."
 
Et je m'efforce de me soumettre les choses, non de me soumettre aux choses.
(Epîtres I i 19)

Democriti pecus edit agellos
Cultaque, dum peregre est animus sine corpore velox.

Démocrite au troupeau laisse manger ses blés,
Tandis que son esprit vogue loin de son corps.
(Epîtres I xii 12)

I, xL

Considération sur Cicéron

Imperet bellante prior, jacentem
Lenis in hostem.

Qu'il commande, vainqueur de l'ennemi qui lutte,
Mais clément lorsqu'il est à terre !
(Chant séculaire 51-52)

I, xLii

De l'inéqualité qui est entre nous

Regibus hic mos est: ubi equos mercantur, opertos
Inspiciunt, ne, si facies, ut saepe, decora
Molli fulta pede est, emptorem inducat hiantem,
Quod pulchra clunes, breve quod caput, ardua cervix.

L'usage est chez les rois d'examiner couverts
Les chevaux qu'on achète, afin que tête belle
Et pied mou le cheval ne tente l'acheteur
Par belle croupe et fine tête et col hardi.
(Satires I ii 86-89)

Non enim gazae neque consulalis
Summovet lictor miseros tumultus
Mentis et curas laqueata circum
Tecta volantes.

Car ni trésors ni licteurs consulaires
Ne font s'enfuir ni tourments ni soucis
Volant autour des plafonds à panneaux.
(Odes II xvi 9-12)

Non domus et fundus, non aeris acervus et auri
Aegroto domini deduxit corpore febres,
Non animo curas: valeat possessor oportet,
Qui comportatis rebus bene cogitat uti.
Qui cupit aut metuit, juvat illum sic domus aut res,
Ut lippum pictae tabulae, fomenta podagram.
Sincerum est nisi vas, quodcumque infundis accessit.

Une maison, des biens, un tas de bronze ou d'or
Ne sauront pas guérir, lorsque l'on est malade,
Ni les fièvres du corps ni les tourments de l'âme.
Il faut se bien porter pour jouir de ses biens.
A qui désire ou craint, que sera sa maison?
Tableaux pour chassieux, emplâtres pour podagres!
Si le vase n'est pur, ce qu'on y verse est nul.
(Epîtres I ii 47-53)

Si ventri bene, si lateri est pedibusque tuis, nil
Divitiae poterunt regales addere majus.

Avez-vous estomac, poumons et pieds solides,
Les richesses des rois ne vous ajoutent rien.
(Epîtres I xii 5-6)

Plerumque gratae principibus vices,
Mundaeque parvo sub lare pauperum
Cenae, sine aulaeis et ostro,
Solicitam explicuere frontem.

Changer de vie aux grands est souvent agréable:
Table propre et toit pauvre et sans tapis ni pourpre
Ont déridé leur front que les soucis accablent.
(Odes III xxix 13-16)

I, xLix

Des coustumes anciennes

dum aes exigitur, dum mula ligatur,
Tota abit hora.

En demandant péage, en attelant la mule
Tout une heure se passe.
(Satires I v 13-14)

quis puer ocius
Restinguet ardentis falerni
Pocula praetereunte lympha ?

Quel garçon au plus tôt
Du Falerne trop chaud tempèrera l'ardeur
Avec l'eau près de nous courante
(Odes II xi 18-20)

I, Lv

Des senteurs

Namque sagacius unus odoror,
Polypus, an gravis hirsutis cubet hircus in alis,
Quam canis acer ubi lateat sus.

Car unique est mon flair pour sentir un polype
Ou cette odeur de bouc des aisselles velues
Mieux que le chien découvre un sanglier caché.
(Epodes xii 4-6)

I, Lvi

Des prières

clare cum dixit: Apollo!
Labra movet, metuens audiri: pulchra Laverna,
Da mihi fallere, da justum sanctumque videri.
Noctem peccatis et fraudibus objice nubem.

Il dit haut: Apollon! puis agite les lèvres
Avec la peur d'être entendu: Belle Laverne!
Permets-moi de tromper, de sembler juste et bon,
Couvre de nuit mon crime et mes vols d'un nuage.
(Epîtres I xvi 59-62)

Immunis aram si testigit manus,
Non somptuosa blandior hostia
Mollivit aversos Penates,
Farre pio et saliente mica.

Si la main approchant de l'autel est sans crime,
Elle peut, sans secours d'une riche victime,
Calmer l'hostilité des Pénates adverses
Par un gâteau d'épeautre et du sel pétillant.
(Odes III xx 17-20)

LIVRE II

II . i

De l'inconstance de nos actions

Quod petiit, spernit; repetit quod nuper omisit;
Aestuat, et vitae disconvenit ordine toto.

Il veut et ne veut plus, veut ce qu'il méprisa,
Flotte, et tout dans sa vie est contradiction.
(Epîtres I i 98-99)

Ducimur ut nervis alienis mibole lignum

Comme pantins de bois, fil étranger vous mène.
(Epîtres II vii 82)

Verbis quae timido quoque possent addere mentem.

En termes dont un lâche même eût pris courage.
(Epîtres II ii 36)

...quantumvis rusticus ibit,
Ibit eo, quo vis, qui zonam perdidit, inquit,

...Tout rustre qu'il était,
Ira là, lui dit-il, qui sa bourse a perdue
(Epîtres II iii 39-40)

II.ii

De l'yvrongnerie

Quos ultra citraque nequit consistere rectum

Au-delà, en deçà, le droit ne saurait être.
(Satires I i 107)

Nec vincet ratio, tandumque ut peccet idemque
Qui teneros caules alieni fregerit horti
Et qui nocturnus divum sacra legerit.

Nul ne saurait prouver qu'on soit aussi coupable
De voler un chou tendre en le jardin d'autrui
Que de piller la nuit un temple de nos dieux.
(Satires I iii 115-117)

...tu sapientium
Curas et arcanum jocoso
Consilium retegis Lyaeo.

Les soucis et secrets des sages
C'est toi qui sais les arracher
Dans la joyeuse bacchanale.
(Odes III xxi 14-16)

Narratur et prisci Catonis
Saepe mero caluisse virtus.

On nous dit que Caton l'Ancien
Echauffait de vin sa vertu.
(Odes III xxi 11-12)

Si munitae adhibet vim sapientiae

S'il peut vaincre sagesse en ses retranchements.
(Odes III xxviii 4)

II . iii

Coustume de l'isle de Cea

Duris ut ilex tonsa bipennibus
Nigrae feraci frondis in Algido
Per damna, per caedes, ab ipso
Ducit opes animumque ferro.

Tel un chêne émondé par la hache tranchante
Dans l'obscure forêt de l'Algide fécond:
Ses pertes et ses coups, et le feu dans la plaie,
Lui prodiguent force et vigueur...
(Odes IV iv 57-60)

Si fractus illabatur orbis
Impavidam ferient ruinae

Si l'univers brisé s'écroulait,
Elle en accepterait, impavide, la chute!
(Odes III iii 7-8 ; cit.modif.par Montaigne)

II . vi

De l'exercitation

In vitium ducit culpae fuga.

Par la peur d'une faute on est conduit au crime.
(Art poétique 31)

II . viii

De l'affection des pères aux enfans

Solve senescentem mature sanus equum, ne
Peccet ad extremum ridendus, et ilia ducat.

Sage, dételle à temps ton vieillissant cheval
Pour qu'il ne fasse rire au bout de sa carrière.
(Epîtres I i 8-9)

II . xi

De la cruauté

Deliberata morte ferocior

Plus fière après avoir résolu de mourir.
(Odes I xxxvii 29)

si vitiis mediocribus et mea paucis
Mendosa est natura, alioqui recta, velut si
Egregio inspersos reprehendas corpore naevos.

Si j'ai peu de défauts et peu considérables,
Si ma nature est bonne et pareille en cela
Au visage encor beau sous des taches légères
(Satires I vi 65)

Seu Libra, seu me Scorpius aspicit
Formidolosus , pars violentior
Natalis horae, seu tyrannus
Hesperiae Capricornus undae.

Que la Balance ou le Scorpion m'ait vu naître
Au regard redoutable à l'heure de naissance
Ou que règne en tyran sur les flots d'Hespérie
Le Capricorne même.
(Odes II xvii 17-20)

Quis non malarum, quas amor curas habet
Haec inter obliviscitur?

Qui n'oublie, au milieu des divertissements,
Les soucis cruels de l'Amour!
(Epodes II 37)

II , xii

Apologie de Raimond Sebond

Si melius quid habes, accerse,vel imperium fer.

As-tu mieux? dis-le donc ou sinon soumets-toi.
(Epîtres I v 6)

... neque illa
Magno prognatum deposcit consule cunnum.

... Elle n'a pas besoin
D'un c.. appartenant à fille consulaire.
(Satires I ii 69-70)

Paridis propter narratur amorem
Graecia Barbariae diro collisa duello.

C'est l'amour de Pâris, à ce qu'on nous raconte,
Qui mit en tel combat la Grèce et les Barbares.
(Epîtres I ii 6-7)

Ad summum sapiens uno minor est Jove: dives,
Liber, honoratus, pulcher, rex denique regum;
Praecipue sanus, nisi cum pituita molesta est.

Donc le seul Jupiter est au-dessus du sage:
Riche,libre, honoré, beau, roi des rois, enfin
Florissant de santé, quand il n'a pas son rhume.
(Epîtres I i 106-108)

... potare et spargere flores
Incipiam, patiarque vel inconsultus haberi.

...Je veux boire d'abord
Et répandre des fleurs, quitte à passer pour fou.
(Epîtres I v 14-15)

Pol! me occidistis, amici
Non servastis, ait, cui sic extorta voluptas
Et demptus per vim mentis gratissimus error.

Vous me tuez, hélas! ô mes amis, dit-il
Au lieu de me guérir. Mon plaisir est ravi
Et vous m'avez chassé de mon aimable erreur.
(Epîtres II ii 138-140)

Vivere si recte nescis, decede peritis;
Lusisti satis, edisti satis atque bibisti
Tempus abire tibi est, ne potum largius aequo
Rideat et pulset lasciva decentius aetas.

Si tu ne sais bien vivre, à ceux qui savent cède.
Assez joué, assez mangé et assez bu!
Il est temps de partir , sinon, trop lourd de vin,
La jeunesse en riant va te pousser dehors!
(Epîtres II ii 213-216)

... cras vel atra
Nube polum pater occupato,
Vel sole puro; non tamen irritum
Quodcumque retro est, efficiet, neque
Diffinget infectumque reddet
Quod fugiens semel hora vexit.

Que Jupiter demain étale au ciel
Un noir nuage ou bien un soleil pur!
Mais il ne peut revenir sur le temps .
Il ne peut pas reprendre et annuler
Ce qu'à jamais ravit l'heure qui fuit!
(Odes III xxix 43-48)

Non, si te ruperis, inquit.

Non pas même quand tu crèverais, lui dit-il.
(Satires II iii 318)

domitosque Herculea manu
Telluris juvenes, unde periculum
Fulgens contremuit domus
Saturni veteris.

Et domptés par la main d'Hercule,
Ces enfants de la terre dont
A tremblé devant le péril
Le clair palais du vieux Saturne.
(Odes II xii 6-9)

Quae mare compescant causae; quid temperet annum;
Stellae sponte sua jussaeve vagentur et errent;
Quid premat obscurum Lunae, quid proferat orbem;
Quem velit et possit rerum concordia discors;

Ce qui calme la mer et règle les saisons;
Si les astres d'eux seuls ou de dehors sont mus;
Pourquoi la lune étend ou rétrécit son disque,
Pourquoi cette harmonie entre éléments contraires.
(Epîtres I xii 16-19)

Fortes creantur fortibus et bonis.

Des braves et vaillants s'engendrent des vaillants.
(Odes IV iv 29)

... quis sub Arcto
Rex gelidae metuatur orae
Quod Tyridatem terreat, unice
Securus

...Et qui n'a nul souci
De savoir de quel roi
Sous l'Ourse l'on s'effraie
Et ce dont Tiridate a peur.
(Odes I xxvi 3-6)

Tres mihi convivae prope dissentire videntur,
Poscentes vario multum diversa palato:
Quid dem? quid non dem? Renuis tu quod jubet alter;
Quod petis, id sane est invisum acidumque duobus.

Il me semble voir là disputer trois convives,
Dont les goûts différents vont à des mets divers;
Que leur donner ou non? Il veut, et tu refuses.
Ce qu'exigent tes goûts paraît aigre aux deux autres.
(Epîtres II ii 61-64)

Nil admirari prope res una, Numaci,
Solaque quae possit facere et servare beatum.

Ne t'étonner de rien, voilà, Numacius,
Le seul point qui nous fasse et qui nous garde heureux.
(Epîtres I vi 1-2)

II, xiii

De juger de la mort d'autruy

Invitum qui servat idem facit occidenti.

Sauver qui veut mourir revient à le tuer.
(Art poétique 467)

II, xv

Que nostre desir s'accroit par la malaisance

... et languor, et silentium,
Et latere petitus imo spiritus

...Ma langueur , mon silence,
Et mes soupirs tirés du fond de ma poitrine.
(Epodes xi 9-10)

Transvolat in medio posita, et fugientia captat.

Dédaignant ce qu'il tient, il court ce qui le fuit.
(Satires I ii 108)

II, xvi

De la gloire

Paulum sepultae distat inertiae
Celata virtus

Oisiveté qu'on enfouit
Vertu qu'on cèle, peu d'éclat.
(Odes IV ix 29-30)

Virtus, repulsae nescia sordidae,
Intaminatis fulget honoribus,
Nec sumit aut ponit secures
Arbitrio popularis aurae.

Vertu que n'atteint pas l'échec
Brille d'honneur qui ne ternit.
Haches ne prend, elle, ni pose
Au gré du souffle populaire.
(Odes II ii 17-20)

Falsus honor juvat, et mendax infamia terret
Quem , nisi mendosum et mendacem.

Aimer le faux honneur, craindre la calomnie,
C'est l'affaire de qui? Du drôle et du menteur.
(Epîtres I xvi 39-40)

II - xvii

De la praesumption

Ille velut fidis arcana sodalibus olim
Credebat libris, neque, si male cesserat, usquam
Decurrens alio , neque si bene: quo fit ut omnis
Votiva pateat veluti descripta tabella
Vita senis.

Autrefois celui-là confiait à ses livres
Comme à de bons amis ses secrets, et jamais
Heureux ou malheureux n'ont d'autre confident:
Aussi sa longue vie est-elle là dépeinte
Tout étalée ainsi qu'en un tableau votif.
(Satires II i 30-34)

mediocribus esse poetis
Non dii , non homines , non concessere columnae

La médiocrité reste interdite aux poètes:
Tel est l'ordre des dieux, des hommes, des colonnes.
(Art poétique 372-373)

brevis esse laboro
Obscurus fio

Je désire être bref et je deviens obscur.
(Art poétique 25)

Singula de nobis anni praedantur euntes.

Les ans viennent, pillant un par un tous nos dons.
(Epîtres II ii 55)

Mollier austerum studio fallente laborem.

Le mol plaisir trompant un austère labeur.
(Satires II ii 12)

Non agimur tumidis velis Aquilone secundo;
Non tamen adversis aetatem ducimus austris:
Viribus, ingenio, specie, virtute, loco, re,
Extremi primorum , extremis usque priores.

Le bon vent d'Aquilon ne gonfle pas mes voiles
Mais le méchant Auster ne trouble pas ma course.
En force, esprit,beauté, vertu, naissance et bien,
Je vais, dernier des grands et premier des petits.
(Epîtres II ii 201-205)

... haec nempe supersunt
Quae dominum fallant, quae prosint furibus.

C'est là ce superflu qui glisse aux mains du maître
Et profite aux voleurs.
(Epîtres I vi 45-46)

Cui sit conditio dulcis sine pulvere palmae.

A qui le sort est doux sans courir vers la palme.
(Epîtres I i 51)

Caedimur, et totidem plagis consuminus hostem.

Frappés par l'ennemi nous rendons coup pour coup.
(Epîtres II ii 97)

... faciasne quod olim
Mutatus Polemon? ponas insignia morbi,
Fasciolas, cubital, focalia, potus ut ille
Dicitur ex collo furtim carpsisse coronas,
Postquam est impransi correptus voce magistri?

Ferez-vous ce que fit Polémon converti?
Vous verra-t-on quitter ces marques de folie,
Rubans, coussins, bandeaux, comme on dit qu'après boire
Il se découronna de ses chapeaux de fleurs
Sous le reproche amer subi d'un maître à jeun.
(Satire II iii 253-257)

II, xviii

Du dementir

Non recito cuiquam, nisi amicis, idque rogatus,
Non ubivis , coramve quibuslibet. In medio qui
Scripta foro recitent, sunt multi, quique lavantes.

Je ne lis qu'aux amis, encor sur leurs prières,
Non partout ou devant n'importe qui. Que d'autres
Lisent en plein forum leurs écrits, voire aux bains.
(Satires I iv 73-75)

II, xxviii

Toutes choses ont leur saison

Tu secanda marmora
Locas sub ipsum funus, et sepulchri
Immemor, struis domos.

Tu fais tailler des marbres
Avant tes funérailles
Sans souci du tambour
(Odes II xviii 17-19)

II, xxxiv

Observations sur les moyens de ...

Sic tauri formis volvitur Aufidus
Qui Regna Dauni perfluit Appuli
Dum saevit , horrendamque cultis
Diluviem meditatur agris.

Ainsi l'Aufide a l'air de taureau roule
Par les Etats de Daunus d'Apulie
En son courroux un flot torrentiel
et d'un déluge il menace les champs.
(Odes IV xiv 25-28)

II, xxxvi

Des plus excellens hommes

Qui quid sit pulchrum , quid turpe, quid utile, quid non,
Plenius ac melius Chrysippo ac Crantore dicit.

Sur le beau, le honteux, l'utile et leurs contraires,
Il en dit plus et mieux que Chrysippe et Crantor.
(Epîtres I ii 3-4)

LIVRE III

III, ii

Du repentir

Quae mens est hodie, cur eadem non puero fuit ?
Vel cur his animis incolumes non redeunt genae?

Mon âme d'à présent, que ne l'avais-je enfant ?
Ou que n'ai-je, étant sage, encor mes fraîches joues ?
(Odes IV x 7-8)

III, iii

De trois commerces

Narras, et genus Aeaci,
Et pugnata sacro bella sub Ilio:
Quo Chium pretio cadum
Mercemur, quis aquam temperet ignibus,
Quo praebente domum, et quota,
Pelignis caream frigoribus, taces.

Tu me contes et la race d'Eaque,
Et les combats sous la sainte Ilion.
Mais à quel prix la jarre de Chio,
Par qui mon eau sera-t-elle chauffée,
Quand et chez qui puis-je trouver abri
D'un froid vraiment pélignien? Motus!
(Odes III xix 3-8)

III, v

Sur des vers de Virgile

Misce stultitiam consiliis brevem

Mêle à ta sagesse un grain de folie
(Odes IV xii)

Dum licet, obducta solvatur fronte senectus

Tant qu'il se peut encor, décide-toi, vieillesse !
(Epodes xiii 7)

Motus doceri gaudet Ionicos
Matura virgo et frangitur artubus
Jam nunc et incestos amores
De tenero meditatur ungui.

La vierge nubile à connaître se plaît
Des danses d'Ionie et s'en brise les membres
Elle rêve déjà depuis sa tendre enfance
A d'impures amours.
(Odes III vi 21-24)

Nec non libelli Stoici inter sericos
Jacere pulvillos amant.

Et tels livres encor qui des stoïques viennent
Traînent bien volontiers sur des coussins de soie.
(Epodes viii 15-16)

Nam tu, quae tenuit dives Achaemenes,
Aut pinguis Phrygiae Mygdonias opes,
Permutare velis crine Licinniae,
Plenas aut Arabum domos,
Dum fragrantia detorquet ad oscula
Cervicem, aut facili saevitia negat,
Quae poscente magis gaudeat eripi,
Interdum rapere occupet ?

Voudrais-tu donc pour tous les trésors d'Achémène,
Ou pour tous les trésors de Mygdon, roi phrygien,
Ou pour ceux de l'Arabe échanger un cheveu
Un seul de Licinnie
Quand elle offre son corps aux baisers savoureux
Ou qu'elle te refuse avec douce rigueur
Ce que plus que toi-même encore elle désire,
Quitte à te devancer ?
(Odes II xii 21-28)

ridentem dicere verum
Quid vetat ?

Dire en riant la vérité,
Qui vous empêche ?
(Satires I i 24-25)

ad unum / Mollis opus

Mou pour une charge unique.
(Epodes xii 15-16)

Fuge suspicari,
Cujus heu denum trepidavit aetas,
Claudere lustrum.

Ne craignez rien d'un homme
Dont le dixième lustre
Hélas! est accompli !
(Odes II iv 22-24)

me tabula sacer
Votiva paries indicat uvida
Suspendisse potenti
Vestimenta maris Deo.

Le tableau votif appendu par moi,
Sur le mur du temple, au dieu de la mer,
Montre aux yeux de tous que j'ai consacré
Mes habits encor trempés du naufrage.
(Odes I v 13-16)

Cujus in indomito constantior inguine nervus,
Quam nova collibus arbor inhaeret.

Dont le membre dans l'aine indomptée est plus ferme
Que l'est l'arbre nouveau planté sur la colline.
(Epodes xii 19-20)

Possint ut juvenes visere fervidi;
Multo non sine risu,
Dilapsam in cineres facem ?

Pour que les jouvenceaux bouillants
Voient, et non sans se divertir,
Tomber en cendres notre flamme.
(Odes IV xiii 26-28)

Quem si puellarum insereres choro,
Mille sagaces falleret hospites
Discrimen obscurum, solutis
Crinibus ambiguoque vultu.

Si tu l'introduisais dans un choeur de pucelles,
Ses beaux cheveux flottants et les traits ambigus,
Il pourrait ce garçon, égarer sur son sexe
Des yeux de connaisseurs ne le connaissant pas !
(Odes II v 21-24)

Importunus enim transvolat aridas / Quercus.

Car sur les chênes nus il n'arrête son vol.
(Odes IV xiii 9)

III, vi

Des coches

Vixere fortes ante Agamemnona
Multi, sed omnes illachrimabiles
urgentur ignotique longa / Nocte.

Bien des héros avant Agamemnon
Vivaient, mais eux, on ne les pleure pas:
la grande nuit s'étend, qui nous les cache.
(Odes IV ix 25 sq)

III, viii

De l'art de conférer

Nonne vides Albi ut malè vivat filius, utque
Barrus inops ? magnum documentum, ne patriam rem
Perdere quis velit.

Ne vois-tu pas comment le fils d'Albius vit mal,
Comme Barrus est pauvre? Exemple à retenir
Pour les dissipateurs...
(Satires I iv 109-111)

Permitte divis caetera.

Laisse le reste aux dieux
(Odes I ix 9)

III, ix

De la vanité

Aut verberatae grrandine vineae,
Fundusque mendax, arbore nunc aquas
Culpante, nunc torrentia agros
Sidera, nunc hyemes iniquas

Ou bien ce sont vignes grêlés,
Domaines trompant votre espoir,
Arbres à fruits coulés ou secs,
Ou des hivers trop rigoureux !
(Odes III i 29-32)

Sit meae sedes utinam senectae
Sit modus lasso maris, et viarum,
Militiaeque.

Que ce soit là l'abri de mes vieux jours,
Et mon repos des fatigues sur mer,
Et de la vie errante et militaire !
(Odes II vi 6-8 )

et cantharus et lanx
Ostendunt mihi me

...Et les plats et les verres
Me renvoient mon image...
(Epîtres I v 23-24 )

Eheu cicatricum et sceleris pudet,
Fratrumque: quid nos dura refugimus
Aetas, quid intactum nefasti
Liquimus? unde manus juventus
Metu Deorum continuit? quibus
Pepercit aris ?

Nos cicatrices et nos crimes
Nos fratricides, quelle honte !
Devant quoi notre âge cruel
Recula-t-il ? Qu'ont respecté
Nos attentats ! Notre jeunesse,
La peur des dieux la retint-elle ?
Quels autels a-t-elle épargnés ?
(Odes I xxxv 33-39 )

Deus haec fortasse benigna
Reducet in sedem vice

Peut-être un dieu, par bon retour des choses,
Nous rendra-t-il à notre état premier ?
(Epodes XIII 7-8 )

Pocula Lethaeos ut si ducentia somnos
Arente fauce traxerim

Comme si j'avais bu d'une gorge asséchée
Le sommeil du Léthé
(Epodes XIV 3-4 )

Excludat jurgia finis.
Utor permisso, caudaeque pilos ut equinae
Paulatim vello, et demo unum, demo etiam unum,
Dum cadat elusus ratione ruentis acervi.

Qu'il dise un chiffre enfin !
Sinon, comme les crins d'un cheval, un par un,
J'ôte un, puis encore un, jusqu'à ce qu'il se taise,
Vaincu par l'argument du tas qui diminue.
(Epîtres II i 38 et 45 sq)

visere gestiens
Qua parte debacchentur ignes,
Qua nebulae pluviique rores.

... Tout brûlant d'aller voir
Les pays dévorés par les feux du soleil
Ou ceux où vous régnez, ô frimas et nuages !
(Odes III iii 54-56)

Quanto quisque sibi plura negaverit,
A Diis plura feret. Nil cupientium
Nudus castra peto...
... Multa petentibus
Desunt multa.

Tant plus nous nous privons, plus les dieux nous accordent.
Entre les sans-désirs, moi, dans biens, je me range:
A qui beaucoup prétend, beaucoup de choses manquent.
(Odes III xvi 21-22 et 42-43)

nihil supra
Deos lacesso.

... Il n'est rien de plus
Qu'aux dieux je demande...
(Odes II viii 11-12 )

III, x

De mesnager sa volonté

incedis per ignes
Suppositos cineri doloso.

Tu marches sur un feu
Dont les cendres t'abusent
(Odes II i 7-8 )

non ipse pro charis amicis
Aut patria timidus perire

... prêt moi-même à périr
Pour des amis chéris ou bien pour ma patrie.
(Odes IV ix 51-52 )

Quo mihi fortunam, si non conceditur uti ?

Si je n'en puis jouir à quoi bon la fortune ?
(Epîtres I v 12)

jure perhorrui
Late conspicuum tollere verticem

A raison j'eus horreur
De lever haut la tête et d'être vu de loin.
(Odes III xvi 18-19)

III, xii

De la phisionomie

Sit mihi quod nunc est, etiam minus, ut mihi vivam
Quod superest aevi, si quid superesse volent dii.

Que je garde ce bien moi-même et que j'en vive
Le reste de mes jours si les dieux m'en réservent!
(Epîtres I xviii 107-108)

Mixta senum et juvenum densantur funera, nullum
Saeva caput Proserpina fugit.

Vieillards et jeunes gens mêlent leurs funérailles;
Nulle tête n'échappe à l'âpre Proserpine.
(Odes I xxviii 19-20)

Quo me cumque rapit tempestas, deferor hospes

Sur quelque rivage où la tempête me jette
J'aborde là comme hôte
(Epîtres I i 15)

III, xiii

De l'expérience

Tandem efficaci do manus scientiae

Je donne enfin les mains à la science utile.
(Epodes XVII 1)

Et militavi non sine gloria

Et j'ai guerroyé non sans gloire
(Odes III xxv 2)

Non haec amplius est liminis, aut aquae
Caelestis, patiens latus.

Attendre sur un seuil, y subir l'eau du ciel
Ce n'est plus dans mes forces.
(Odes III x 19-20)

Si modica caenare times olus omne patella

Si tu crains, pour dîner, légume en plat modeste.
(Epîtres I v 2)

Sincerum est nisi vas, quadcunque infundis, acescit.

Tout ce qu'on verse en vase impur y devient aigre.
(Epîtres I ii 54)

ô fortes pejoraque passi
Mecum saepe viri, nunc vino pellite curas
Cras ingens iterabimus aequor.

Mes braves compagnons dans les pires misères
Chassez à coups de vin aujourd'hui tout souci:
L'immense mer demain nous ouvrira sa route.
(Odes I vii 30-32)

Frui paratis et valido mihi,
Latoe, dones, et, precor, integra
Cum mente, nec turpem senectam
Degere, nec cythara carentem.

Permets que je jouisse, ô Latonien,
De mes biens et d'un corps sain, de facultés
Saines, et que j'obtienne, avec bonne vieillesse,
Le pouvoir de toucher encor ma lyre !
(Odes I xxxi 17-20)
(Sur ces vers d'Horace se terminent les Essais)

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