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Œuvres lyriques d'Horace, traduites par M. Anquetil (1850)

CHANT SÉCULAIRE

 

 

— Poème séculaire —

Divin Phébus, et toi souveraine des bois,
Radieux ornements de la voûte azurée,
Dont la gloire adorable est toujours adorée,
Dans ce jour solennel exaucez notre voix.
 
La Sibylle a voulu qu'en ces jeux séculaires
De vierges et d'enfants un Chœur chaste et pieux
Célèbre les bienfaits des Dieux
Qui protégent nos monts de leurs bras tutélaires.
 
Soleil, dont la féconde ardeur
Dispense et ravit la lumière,
Toujours nouveau, toujours égal en ta splendeur,
Puisses-tu durant ta carrière
Ne rien voir qui de Rome éclipse la grandeur !
 
O bienfaisante Ilithye,
Dont la secourable main
A l'enfant mûr pour la vie
De sa mère ouvre le sein,
Quelques noms, vierge divine,
Que daigne agréer ton choix,
Ou Génitale ou Lucine,
De l'épouse entends la voix.
 
Donne, ô Déesse féconde ;
Des défenseurs à l'État ;
Que ta volonté seconde
Les saintes lois du Sénat ;
Que les citoyens dociles,
De l'hymen serrant les nœuds,
Fassent bientôt dans nos villes
Renaître un peuple nombreux.
 
Qu'ainsi puissent nos fils de ces fêtes si belles
Renouveler la pompe, et qu'après cent dix ans
Ainsi durant trois jours et trois nuits solennelles
Rome entière se presse à ces jeux, à ces chants !
 
Arbitres des destins, Déesses prophétiques,
Dont la parole est stable et ne trompe jamais,
Par de nouveaux présents, ô Parques véridiques,
Daignez mettre le comble à vos premiers bienfaits.
 
De moissons que la terre ornée,
Couverte d'abondants troupeaux,
A Cérès offre chaque année
Sa couronne d'épis nouveaux ;
Que les tièdes zéphyrs et la douce rosée
Fécondent la semence en nos champs déposée.
 
De tes jeunes Romains, ô Phébus, désormais
Exauçant les souhaits,
Laisse dans le carquois tes flèches meurtrières ;
Et toi, reine des nuits, qui fais briller aux cieux
Ton croissant radieux,
De la vierge romaine exauce les prières.
 
Dieux, s'il est vrai que Rome est l'œuvre de vos mains,
Aux Phrygiens forcés de quitter leur patrie
Si des rivages d'Étrurie
Vous avez montré les chemins,
 
Tandis que le pieux Énée,
Des remparts de leur ville aux flammes condamnée
Arrachant les Troyens proscrits,
Pour une illustre destinée
De ces heureux vaincus conservait les débris :
 
A la docile jeunesse,
O Dieux, donnez un cœur pur ;
Dieux, donnez un abri sûr
A la paisible vieillesse ;
Dieux, aux Romains triomphants
Donnez toujours la victoire
Et l'opulence et la gloire
Et d’innombrables enfants.
 
Du noble rejeton de Vénus et d'Anchise,
Dont la blanche hécatombe arrose votre autel,
Exaucez le vœu solennel :
Au superbe ennemi que sa force maîtrise
Qu'un pardon généreux le montre paternel.
 
Déjà le Mède altier, sur la terre et sur l'onde,
Craint son bras tout-puissant et les faisceaux latins ;
Le Scythe et l'Indien, aux limites du monde,
Sous lui, courbent leurs fronts naguère si hautains.
 
La Loyauté, la Paix, la Vertu, l'Innocence,
Le vieil Honneur, longtemps exilé de nos bords,
Ose enfin reparaître, et l'heureuse Abondance
De sa corne féconde épanche les trésors.
 
Dieu des oracles, cher aux vierges du Parnasse,
Paré de l'arc éblouissant,
Et dont la science efficace
Ranime le corps languissant ;
 
Si du mont Palatin tu vois d'un œil propice
Le majestueux édifice,
Sur nous fais luire encore un siècle de bonheur ;
Accrois notre puissance, et que rien ne flétrisse
Des Romains l'immortel honneur !
 
A nos hymnes pieux, Déesse vénérable
Qui règnes sur l'Algide et le sombre Aventin,
Prête une oreille favorable,
Et couronne les vœux du pontife latin.
 
Jupiter et les Dieux agréeront ma prière :
C'est l'espoir qu'aujourd'hui se plaît à remporter
Le Chœur instruit à vous chanter,
Chaste Diane et toi qui répands la lumière.

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