
ODE I, 24 : À Virgile — Il déplore la mort de Quintilius.
		
		
		
		À VIRGILE
Peut-on rougir, peut-on cesser de pleurer une tête si chère ? Inspire-moi des chants lugubres, ô Melpomène, toi qui reçus de ton père une lyre et une voix harmonieuse. C'en est donc fait ! Quintilius est enseveli dans un éternel sommeil ! Honneur, bonne Foi, incorruptible sœur de la Justice, Vérité sans fard, quand trouverez-vous un mortel qui lui ressemble ? Il meurt digne d'être pleuré par tous les gens de bien ; mais aucun ne lui doit plus de larmes que toi, cher Virgile. Hélas ! c'est en vain que ta tendresse redemande aux dieux un ami qu'ils ne t'avaient pas confié pour toujours. Quand avec plus de douceur qu'Orphée sur les monts de la Thrace tu ferais parler un luth écouté des arbres attentifs, la vie ne ranimerait pas une ombre vaine, dès qu'une fois Mercure, insensible à la voix qui le prie de révoquer les destins, l'a poussée, avec sa baguette terrible, au milieu du noir troupeau. Sort cruel ! mais la patience adoucit les maux qu'on ne saurait guérir.
		
v. 5: Quintilium. Quintilius Varus, de Crémone. Le même à qui Horace adresse l'ode XVIII de ce livre : 
Nullam, Vare, sacra uite, etc., et le même aussi à qui Virgile adresse la VIème églogue :
 
Si quis tamen haec quoque, si quis
captus amore leget, te nostrae, Vare, myricae,
te nemus omne canet; nec Phoebo gratior ulla est
quam sibi quae Vari praescripsit pagina nomen.
 
On sait seulement que Q. Varus était poète et qu'il mourut sous le dixième consulat d'Auguste; mais quel mérite ne doit-on pas supposer à celui dont 
Horace et Virgile font un tel éloge et dont ils pleurent si amèrement la perte !
		
		
		
   L'ode I, 24 sur l'ESPACE HORACE : 
   L'ode I, 24 sur les ITINERA ELECTRONICA :
			