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À Licinius

— D'après l'ode II.10 d'Horace —

 

 

C'EST suivre la voie de la vertu, Licinius, que de ne pas toujours chercher à s'aventurer en haute mer comme de ne pas serrer de trop près, dans la crainte des tempêtes, un rivage peu sûr.

Quiconque choisit la règle d'or du juste milieu se préserve, pour sa sécurité, du misérable toit délabré et, dans sa modération, du palais trop envié.

Le pin le plus haut est celui qui est le plus souvent secoué par les vents, les hautes tours sont celles qui s'écroulent le plus lourdement et ce sont les sommets des montagnes que frappe la foudre.

Celui qui a l'âme bien préparée, dans l'adversité, il espère ; dans la prospérité, il craint un sort contraire. Jupiter qui ramène le détestable hiver le chasse aussi.

Il n'est pas dit, si nous vivons actuellement une période difficile, qu'il en sera de même un jour futur. Parfois, de sa cithare, Apollon réveille la Muse silencieuse, il ne tend pas toujours son arc.

Dans les épreuves montre-toi courageux et fort, mais aie aussi la sagesse de réduire ta voilure lorsque l'arrondit un vent trop favorable.

( Trad. D. E. )
 

Notes :


— Licinius : Le Licinius à qui cette ode est dédiée a peut-être été un beau-frère de Mécène. Accusé de conspirer contre Auguste, il fut mis à mort en – 22.

— Apollon : c'est le dieu de la musique mais ses flèches ont aussi le pouvoir de provoquer morts subites et épidémies.

— L' aurea mediocritas : le juste milieu, précieux comme l'or, est au centre de la pensée horatienne.

 
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Traduction et adaptation: Denys Eissart (2002, rév. 2006), droits réservés [Creative Commons]

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