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HORACE vu par NIETZSCHE

extrait du "CRÉPUSCULE DES IDOLES"

 

 

Courte, trop courte considération du grand philosophe sur le grand poète,
mais qui brille d'un tel éclat qu'elle méritait bien une page (presque) pour elle seule...

« Aucun poète ne m'a procuré le même ravissement artistique que celui que j'ai éprouvé dès l'abord à la lecture d'une ode d'Horace. Dans certaines langues il n'est même pas possible de vouloir ce qui est réalisé ici. Cette mosaïque des mots, où chaque mot par son timbre, sa place dans la phrase, l'idée qu'il exprime, fait rayonner sa force à droite, à gauche et sur l'ensemble, ce minimum dans la somme et le nombre des signes et ce maximum que l'on atteint ainsi dans l'énergie des signes - tout cela est romain et, si l'on veut m'en croire, noble par excellence. Tout le reste de la poésie devient, à côté de cela, quelque chose de populaire - un simple bavardage de sentiments... » ( in “Le crépuscule des idoles” )

...et encore:

"Si tout se passe bien, il arrive un moment où l'homme qui veut progresser en moralité et en raison, retourne plus volontiers aux souvenirs de Socrate qu'à la Bible, où il reconnaît en Montaigne et en Horace ceux qui peuvent, mieux que tous les autres, lui frayer une voie, l'introduire auprès de ce sage, le plus simple de tous, en qui s'unissent toutes les sagesses" (cité par Jacques Perret, "Horace", "Connaissance des Lettres" n°53, Hatier, 1959)

Merci à Étienne (webmaster du site Hommage à Friedrich Nietzsche) d'avoir bien voulu chercher l'origine de cette citation : "Humain, trop humain, II", Le voyageur et son ombre, §86 (aphorisme : " Socrate ")

et de proposer la traduction suivante plus proche du texte original de Nietzsche :

"Si tout va bien, le temps viendra où l'on préférera, pour s'encourager à être moral et raisonnable, recourir aux Mémorables de Socrate plutôt qu'à la Bible, et où l'on se servira de Montaigne et d'Horace comme de précurseurs et de guides sur la voie qui mène à la compréhension du sage et du médiateur le plus simple et le plus impérissable de tous, Socrate."

("Wenn alles gut geht, wird die Zeit kommen, da man, um sich sittlich-vernünftig zu fördern, lieber die Memorabilien des Sokrates in die Hand nimmt als die Bibel, und wo Montaigne und Horaz als Vorläufer und Wegweiser zum Verständnis des einfachsten und unvergänglichsten Mittler-Weisen, des Sokrates, benutzt werden.")


 
à noter:
Il semblerait que Nietzsche ait, dans la fulgurance de sa pensée, attribué ici les "Mémorables" — ouvrage de Xénophon — à Socrate.
Cela ne modifie évidemment en rien le rôle qu'il assigne à Horace !...

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