DES épîtres précédentes nous emportons l'impression qu'Horace entretient avec ses disciples des rapports de cordiale franchise. L'affection n'exclut pas la sincérité, loin de là. On est souvent sincère quand on veut du bien à quelqu'un, dans la proportion où on l’aime. Si toute la science de la vie consiste à se connaître soi-même et à connaître où il faut tendre, le rôle du maître est d'éclairer chacun sur ses défauts autant que sur ses qualités, et de lui montrer le but en lui indiquant les moyens de l'atteindre. Le but, c'est le bonheur; le moyen, la philosophie. Or les jeunes gens de l'entourage du poète, qu'ils s'appellent Lollius, Florus, Celsus, ou d'autres noms, ne sont ni des sages ni même des aspirants à la sagesse, et Horace trouve belle matière auprès d'eux à placer ses conseils. Il ont tous notamment un trait commun, l'ambition; ils recherchent les situations brillantes, ils courent après les honneurs et l'argent. Presque toujours Horace les dissuade, avec une ardente conviction de se livrer à ces passions, qui nourrissent les soucis et détournent l’âme de l'étude de soi. Mais quelquefois pourtant il lui arrive de composer avec la faiblesse humaine. – Hé quoi ! dira-t-on. Le voilà qui déserte le poste où il s'était placé, dont il avait assumé la garde ? Ne mérite-t-il pas qu’on lui applique le blâme qu’il infligeait lui-même à l'homme passionné : perdidit arma, locum virtutis deseruit (1) ? Si rarement qu'il jette ses armes, n'est-ce pas trop déjà que d'avoir seulement l'idée de le faire ? D'où vient donc ce changement de conduite ? – C'est qu'il écrit pour des Romains réalistes et pratiques et, comme il n'est pas l'homme du tout ou rien, qu'il n'espère pas de ses jeunes amis le désintéressement absolu, il s'efforce à contenir leurs désirs dans des limites raisonnables. S'il leur demandait toujours trop, il risquerait de n'en jamais rien obtenir. Il juge que c'est encore quelque chose que de leur apprendre à être ambitieux avec mesure.
Les deux épîtres 17 et 18, qui roulent sur la manière de se comporter auprès des grands, sont justement de celles où l'auteur, avec son sens des choses de ce monde et son art des nuances, laissant de côté pour l’instant une philosophie trop rigoureuse, se contente d'une sagesse moyenne et accepte, pour en tirer le meilleur parti, la vie de clientèle. – L'ambitieux a été dans tous les temps – et sera toujours en quête de relations utiles et d'amitiés puissantes ; mais jamais peut-être la poursuite du protecteur influent ne s'est étalée comme dans l'ancienne Rome ; même l'époque, qui a précédé notre Révolution, n'en donne pas une idée. A Rome, c'était une nécessité. La société étant fondée sur la clientèle, tout le monde avait besoin d'un patron; tout, le monde venait saluer le grand seigneur ou seulement celui qui était au-dessus de soi, les uns pour avoir du pain, les autres pour avoir des places. L'Empire ne changea rien à cette habitude; il n'était, en effet, que la République continuée et, au début, il garda le même caractère aristocratique. Les personnages importants eurent, comme par le passé, leur cercle, où l'on se glissait, comme autrefois, pour se couvrir et s'aider de leur protection. Après tout, Horace n'avait guère le droit d'être sévère à ceux qui recherchaient de hautes fréquentations. Ne vivait-il pas, n'avait-il pas surtout vécu, auprès de Mécène ? Si nous ne lui en faisons pas un reproche, cela prouve qu'il est permis d'user des grands. Seulement il faut savoir en user, c'est-à-dire en user avec tact, comme l'enseignent les épîtres adressées à Scæva et à Lollius.
La composition de l'épître à Scæva cause une certaine surprise. Le sujet annoncé dès le début; quo tandem pacto deceat maioribus uti (2) ne commence à être traité qu'au vers 43, après les deux tiers d'une pièce qui ne dépasse pas 62 vers. Auparavant, il n'a été question que de savoir s'il fallait vivre chez les grands. Ainsi nous sommes en présence de deux développements d'étendue très inégale, dont le plus long ne paraît pas l'essentiel; d'où résulte une disproportion évidente. L. Müller a aussitôt suggéré, pour rétablir l'équilibre, d'admettre une lacune avant la seconde partie. C'est oublier que les procédés de la rhétorique courante n'ont rien à voir avec les habitudes d'Horace, et qu'une libre ou même une capricieuse composition n'est pas pour le gêner le moins du monde. De ce qu'il n'a d'abord annoncé qu'un thème, il ne s'ensuit pas que ce soit à ses yeux le thème principal, ou du moins le seul important. Avant de prendre la plume, il ne songeait peut-être qu'à enseigner à Scæva l'art de vivre chez les grands; mais dès qu'il s'est mis à écrire, une autre idée lui est venue à l'esprit: a-t-on raison de vivre chez eux ? Et il n'est pas sûr que cette seconde idée, parce qu'elle s'est présentée postérieurement, demeure ensuite pour lui quelque chose d'accessoire. On s'aperçoit bientôt, au contraire, qu'elle l'intéresse plus directement que la précédente. Car, d'abord, elle est une occasion pour lui, l'ami de Mécène, de justifier sa conduite (la majeure partie de l'épître renferme ainsi, à l'état latent, une sorte d'apologie personnelle). Puis, elle est la question générale, qui enveloppe l'autre et la commande. Il est inutile de chercher comment on doit vivre chez les grands, tant qu'on n'a pas tranché le premier point, qui concerne l'opportunité même de ce genre de vie. Si Horace n’a pas prévenu son lecteur, il est possible que ce soit négligence; c'est peut-être aussi parce qu'il « ne travaille pas sur un plan arrêté d'avance et que l'ensemble s'organise à mesure qu'il écrit (3) ». Nous assistons souvent ainsi à l'association de ses idées, dans l'instant même où son cerveau l'élabore.
Il commence sa lettre fort modestement. C'est assez sa façon d'entrer en matière; cela ne l'empêchera pas d'être très net dans la suite et de parler sans déguisement de la bassesse du métier de quémandeur. Mais au début il réduit son mérite ; il n'a pas la prétention de donner des leçons ; il déclare qu'il aurait même tout le premier besoin d'en recevoir : tel un aveugle qui montrerait aux autres le chemin (v.1-4). – Ces précautions une fois prises, il aborde la question générale: que penser de ceux qui cultivent l'amitié des grands ? et, pour qu'on ne s'y trompe pas, il nous livre aussitôt son véritable sentiment : se faire le client, même des plus hauts personnages, n'est pas le destin le plus digne d'être envié, et une existence cachée, dans le calme de la province ou la paix des champs, lui paraît infiniment préférable. « Si tu aimes le repos, dit-il à Scæva, et le sommeil jusqu'au jour (rester le matin dans son lit pour dormir ou rêver, on sait que c'était un des plaisirs du paresseux Horace (4)), si tu détestes la poussière, le bruit des voitures, le tintamarre des cabarets (5), va-t'en dans un trou, à Ferentinum (6). Les riches, grâce au ciel, ne sont pas les seuls qui détiennent le bonheur, et celui-là n'a pas eu à se plaindre de la vie, dont personne n'a su ni la naissance ni la mort (v.6-10) » C'est la vieille maxime d'Épicure λαθε βiωσας. Ovide la redit plus tard dans une de ses élégies : bene qui latuit, bene vixit (7); Sénèque la paraphrase dans un des chœurs de sa tragédie de Thyeste (8) : « Recherche qui voudra la puissance et ces hauteurs périlleuses où résident les rois. Toute ma satisfaction à moi, c’est le repos. Puissé-je vivre en paix dans l'obscurité, et que mon existence ignorée des Romains (9) s'écoule dans le silence ! » Mais tous deux n'avaient pas qualité, comme Horace, pour défendre la thèse du philosophe grec. Ovide ne la répétait que du bout des lèvres; exilé à Tomi, chez les barbares du Pont-Euxin, il ne cessait en réalité de réclamer la ville aux sept collines et ses beaux théâtres et sa société élégante. Et quant à Sénèque, il s'était avisé trop tard des avantages de l'obscure pauvreté ; condamné par Néron à demeurer à la cour, au milieu de ces grandeurs qu'il avait prises en dégoût, condamné même à garder sa fortune que le tyran refusait d'accepter, sa seule ressource était de déplorer stérilement sa misère. Horace avait sur l’un la supériorité de vouloir sincèrement la retraite, sur l'autre celle de pouvoir accorder ses actes avec ses paroles. Il prêchait d'exemple ; c'était l'époque, où il vivait volontiers solitaire dans son petit domaine de Sabine.
L'auteur des épîtres 17 et 18 rejoint donc celui des épîtres à Fuscus ou à Bullatius (10). Ses préférences vont toujours à l'existence indépendante de l'homme qui, maître de ses journées, travaille à son perfectionnement intérieur; et, puisque cette existence n'est possible qu'à la campagne, il continue à recommander de fuir Rome et ses agitations. Mais, je l'ai dit, ce sont conseils héroïques que tous ses amis n'étaient pas capables d'entendre, et lui-même n'avait pas reconnu dès le premier jour que là seulement était le bonheur. Alors mettant à part les meilleurs, ceux qui veulent vivre loin du monde ignorés et tranquilles, il tolère que de moins courageux, de moins sages, suivent une conduite différente et restent à Rome pour s'attacher à quelque patron influent. Ceux-ci n'ont pas la force de ne compter que sur eux-mêmes ; ils comptent d'abord sur autrui. Ils veulent, disent-ils, servir leur famille, et se traiter aussi plus libéralement (v.11-12) ; deux motifs acceptables après tout. « Ils s'approcheront, maigres gens, de la grasse table du riche (v.12). » Soit. Il y aura encore pour eux un certain mérite à savoir bien s'y prendre. Flatter pour flatter, mieux vaut flatter comme Aristippe que flatter comme Diogène.
Horace, en effet, selon sa manière concrète et pittoresque, au lieu d'entamer une discussion plus ou moins aride, met aussitôt en scène deux personnages, les deux opposés, Aristippe et Diogène, le philosophe aux belles manières, ami des princes, de la vie large et luxueuse, et le cynique qui se plait à heurter les usages, tout fier de sa grossièreté, l'un qui sort en manteau de pourpre, l'autre qui vit en haillons dans un tonneau. Et le dialogue s'engage, un de ces dialogues familiers au poète, aussi brusquement introduits que vivement menés, où les opinions s'entrechoquent comme des lames d'épée. « S'il savait se contenter de légumes ! Aristippe ne voudrait plus vivre avec les rois. – S'il savait vivre avec les rois, Diogène se dégoûterait de ses légumes (v.13-15). » Allusion à une anecdote recueillie par Diogène Laërce (11) et qui courait probablement les écoles. Quand je dis que les deux personnages s'opposent, entendons-nous. Ils diffèrent l'un de l'autre moins par le but à atteindre que par les moyens dont ils cherchent à l'atteindre. La pensée d'Horace sur ce point est parfois assez mal interprétée. On admet que Diogène, tandis qu'Aristippe représente la vie de clientèle, représenterait la vie indépendante. C'est une erreur. La vie libre, la vie cachée, c'est plus haut qu'il en a été question, avant le passage relatif aux deux philosophes, et ce n'est pas seulement Aristippe, c'est Aristippe et Diogène tout ensemble qui sont en opposition avec elle ; l’un et l'autre font également figure de courtisans. Car Diogène est un courtisan, lui aussi, si étrange que cela paraisse, un flatteur à sa façon, flatteur de la populace (v.19), comme Aristippe l'est des rois. Bien qu'il prétende n'avoir besoin de personne, il mendie, ne serait-ce que de vils objets ; il dépend donc de ce public qui l'oblige (poscit vilia... dante minor, v.21-22). Il dépend surtout de l'attitude qu'il a une fois prise : il lui faut continuer à se donner en spectacle, parce qu’il a commencé, et c'est pour la foule, plus que pour lui, qu'il demeure cynique. Vivant au fond d'un tonneau, il n'en vit pas plus caché; il a soin de rouler sa maison sur le port ou sur l'agora. Il est, en somme, beaucoup moins libre qu'Aristippe, il est devenu le prisonnier de son rôle et l'esclave de ses excentricités. Aristippe aime les belles étoffes, mais il s'accommoderait d'un changement de condition ; il est prêt à tout (omnis Aristippum decuit color et status et res, v.23); il porterait au besoin le manteau troué et la besace, et les porterait même sans aucun embarras (v.29, non inconcinnus). Diogène veut ses haillons et ne veut pas autre chose; il se laisserait mourir de froid plutôt que d'être vu avec un manteau en fine laine de Milet (v.30-32). Il y a bien de la vanité dans son cas; mais il y a aussi la nécessité de soutenir son personnage. Diogène sans haillons, ce n'est plus Diogène.
La comparaison entre Aristippe et Diogène se termine ainsi tout à l'avantage du premier. Horace le dit nettement : Aristippi potior sententia (v.16). A Aristippe il préférerait encore la retraite ; mais la vie retirée, on l'a vu, a été exclue du débat ; il n'y a plus à considérer maintenant que la vie qui se passe en public, sous le regard des citoyens. En ce cas, un sort au-dessus de tous est enviable, celui du chef de guerre, du triomphateur. Le héros, qui monte au Capitole après avoir vaincu ses ennemis, touche au ciel et s'approche de Jupiter (12) (Horace n'a pas besoin de nommer le héros, pour que chacun comprenne qu'il s'agit d'Auguste, honoré après Actium d'un triple triomphe). A défaut de cette destinée éclatante, et si l'on ne peut être au nombre des premiers de l'État, il est encore beau d'être l'ami de ceux qui sont les premiers (v.35). La chose n'est point déjà si facile : non cuivis homini contingit adire Corinthum (v.36). Non, plaire aux grands de la terre n'est pas donné à tout le monde, et l'on n'y arrive qu'avec peine; il y faut des vertus, de la « vertu » au sens romain du mot. Ne pas l'essayer, rester assis par crainte d'échouer, trahit une âme faible ; c'est se montrer un homme, au contraire, que de tenter l'épreuve (v.37-42).
Horace est libre d'aborder maintenant la seconde partie de sa lettre : comment faut-il vivre chez les grands ? Nous savons désormais qu'il est permis de vivre en leur compagnie, qu'il est même honorable de réussir auprès d'eux. Mais quels moyens employer pour leur plaire ? Bien que cette question soit le point de départ et la raison d'être de l'épître, Horace ne lui fera point une réponse étendue. Faut-il croire qu'il songeait déjà à écrire l'épître, suivante à Lollius (où il reprendra effectivement le même sujet), et qu'il voulait réserver pour celle-ci les explications qu'il pouvait donner dès celle-là ? Ç'est assez peu vraisemblable. Je mettrais plutôt au compte d'une humeur capricieuse le fait qu'il a écourté sa lettre et son sermon : Il était parti pour un plus long développement ; en route, il a jugé que ce qu'il disait suffisait à son propos : il s'est arrêté. Remarquez d'ailleurs que, s'il ne dit pas à Scæva tout ce qu'on serait en droit d'attendre, il lui dit l'essentiel, et que, s'il n'aborde qu'un point, il touche le plus important. N'être pas trop quémandeur, garder dans ses demandes le tact et la discrétion, c'est ce qu'oublient le plus facilement ceux qui sollicitent, et c'est la première chose à leur rappeler. Car tout est là ; ce conseil bien compris embrasse tous les autres; bien suivi, il permettra de se conduire, comme il faut, avec les grands. Horace enfin y insistait d'autant plus volontiers, qu'il y voyait un moyen de ramener le cas particulier de Scæva à son principe général : est modus in rebus, dont il était content de retrouver l'application dans les circonstances les plus diverses de la vie.
Comment donc solliciter avec mesure ? Un certain nombre de préceptes l'indiquent, présentés, puisque mesure signifie limitation, sous une forme négative. Par exemple : on ne parlera point de sa pauvreté ou de ses revenus insuffisants, ni de ses parents dans la gène, ni de sa sœur sans dot (v.46-47). Si le patron, le rex, pour employer l'expression des clients (13), vous emmène en voyage à Brindes ou à Sorrente, vous ne vous plaindrez point des inconvénients du trajet, des cahots de la route, du froid, de la pluie (v.52-53). Vous n'imiterez pas non plus ceux qui gémissent sur leur valise brisée ou leur bourse perdue (v.54), espérant apitoyer le protecteur et se faire grassement dédommager. Le résutat risquerait de tourner contre vous. Ceux qui crient leur misère ressemblent, en effet, à une troupe de mendiants. Or, qu'un pauvre dans la rue demande bruyamment à manger, un autre accourt et dit : « à moi aussi » ; il faut partager le morceau ; on aurait eu plus d'avantages à ne pas attirer par ses cris tant de compétiteurs (v.48-51). Quant à ceux qui inventent quelque mensonge pour extorquer de l'argent au patron, ils rappellent la courtisane qui pleure un bracelet qu'elle prétend lui avoir été volé, ou le pitre de carrefour qui feint, en exécutant le saut périlleux, de se casser la jambe. Le jour où ils sont réellement malheureux, ils ne trouvent plus personne qui les secoure; de crainte d'être encore leur dupe, on laisse la courtisane avec ses larmes cette fois sincères et le saltimbanque avec sa jambe bel et bien cassée (v.55-62).
Toute cette fin de l'épître, très vive, très amusante toute en comparaisons, en dialogues, en allusions à des fables connues, en tableaux pittoresques, ne laisse pas d'être déconcertante. Car enfin, jusque-là, si l'auteur plaçait au-dessus de la condition d'ami des grands la condition de philosophe, il ne semblait pas qu’il désapprouvât Aristippe de vivre, faute de mieux, auprès du roi de Sicile, ni par conséquent qu'il dût blâmer Scæva de rechercher la vie de clientèle. On n'en est plus bien sûr, la lecture de la lettre terminée. Horace aurait eu l'intention de dégoûter du métier, qu'il ne s'y serait pas pris beaucoup autrement. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il le relève fort peu. Il en parle sans périphrase, sans rien qui essaie de voiler la grossièreté du fond. Les comparaisons avec le mendiant, la courtisane ou le pitre sont humiliantes. On objectera qu'elles ne visent que le bas quémandeur; mais où commence la basse sollicitation ? Qu'est-ce qui est permis au juste, ou ne l'est point ? Il n'est pas toujours facile de le savoir; c'est un pays aux frontières souvent indécises. Le mieux serait de s'abstenir de toute sollicitation : voilà surtout la conclusion qui se dégage de cette fin d'épître. Objectera-t-on encore qu'Horace ne parle pas sérieusement, qu'il exagère pour faire rire ? Je croirais plus volontiers qu'en recommandant la vie de clientèle, il subissait une nécessité des mœurs romaines ; que, s'il avait accepté cette vie autrefois, il ne l'aimait plus guère à présent, et qu'il en était détourné et peut-être un peu dégoûté, au moment même où il se chargeait de la régler.
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(1) Ep. I, 16, 67.
(2) Horkel (Anal. Horat., p. 129-130) lit tenuem au lieu de tandem. Cette conjecture, approuvée par L. Müller, est à rejeter.
Savons-nous au juste quelle était la condition de Scæva ? Moins relevée sans doute que celle de Lollius. Mais cela suffit-il
pour ne pas tenir compte de l’accord de tous les mss ? Tandem est très bien expliqué par Lejay (éd. petit in./6. p. 519. n. 2) ;
il signifie: en somme, et fait allusion aux discussions antérieures qu'Horace et son ami ont dû avoir sur ce sujet délicat.
(3) Cartault, Étude sur les Satires, p, 64.
(4) Ad quartam iaceo, Sat. I, 6. 122. Avait-il changé ses habitudes depuis lors? Il dit dans notre épître primam in oram.
(5) Je crois qu'il s'agit des inconvénients et du bruit de Rome, non point des ennuis qu'entraîne la nécessité de voyager avec
le patron ni des mauvaises auberges de rencontre. De ceci il sera question plus loin (v. 52 sqq.).
(6) Non pas le Ferentinum d'Etrurie, cité assez considérable sous l'Empire, mais le Ferentinum de la vallée du Trerus, une
des plus vieilles bourgades du Latium, dans le pays des Herniques. Horace y envoie Scæva, comme il l’enverrait à Gabies
ou à Fidènes, bourgs aux trois quarts ruinés, ou à Ulubres parmi les grenouilles des marais Pontins (cf. Ep. I, 11,7-8 et 30).
(7) Ovid., Trist., III, 4, 25.
(8) Senec., Thyest.,(391 sqq.:Leo)
(9) Sénèque se sert de l'expression Quiritibus, anachronisme qui lui a échappé, mais qui montre bien, que le personnage du
chœur dans ses tragédies n'est le plus souvent que le porte-parole du poète et l’interprète de ses sentiments personnels.
(10) Ep. I, 10; I, 11; cf. aussi I, 14.
(11) Diog. Laert. II, 8, 68.
(12) v.33-34. Cf. Carm. III, 1, 7 (Iovis) clari Giganteo triumpho.
(13) v. 43. Je lis coram rege suo de paupertate tacentes et non (comme Bentley, L. Müller) coram rege sua de paupertate, et je
prends le mot rex au sens spécial qu'il a dans le langage de la clientèle, sens très fréquent chez Horace. L'allusion à Aristippe
et à son existence auprès d'un roi est maintenant terminée, Il se peut que le thème du quémandeur et du roi eût été déjà traité
dans les écoles grecques, et qu'au temps des Diadoques les exemples fussent tirés de ce qui se passait dans les cours des princes
hellénistiques. Mais nous sommes au temps d'Horace, et Horace emprunte ses exemples à ce qui se passe de son temps, dans la
société romaine, où rex désigne le riche patron. Même s'il a eu quelque arrière-pensée de jouer sur les deux sens du mot, le
second sens, le sens romain, a certainement, a surtout été présent à son esprit.