Traduction littérale et juxtalinéaire
LIBER III
CARMEN IX
CARMEN AMOEBAEUM
HORATIUS
Donec eram gratus tibi
nec quisquam iuuenis
potior
dabat bracchia
ceruici candidae,
uigui beatior
rege Persarum.
LYDIA
Donec non arsisti
alia magis
neque Lydia erat
post Chloen,
Lydia multi nominis
uigui clarior
Ilia Romana.
HORATIUS
Chloe Thressa
regit nunc me,
docta dulcis modos
et sciens citharae,
pro qua
non metuam mori,
si fata parcent
animae superstiti.
LYDIA
Calais
filius Ornyti Thurini
torret me
face mutua,
pro quo patiar
mori bis,
si fata parcent
puero superstiti.
HORATIUS
Quid
si prisca Venus redit
cogitque iugo aeneo
diductos ?
si flaua Chloe
excutitur,
ianuaque patet
Lydiae reiectae ?
LYDIA
Quamquam ille
est pulchrior sidere,
tu leuior cortice
et iracundior
Hadria inprobo;
tecum amem uiuere,
tecum obeam lubens.
LIVRE III
ODE IX
ODE DIALOGUÉE
HORACE
Tant que j'étais agréable à toi
et qu'aucun jeune homme
préféré à moi
n'attachait ses bras
à ton cou blanc,
j'ai vécu plus heureux
que le roi des Perses.
LYDIE
Tant que tu n'as pas brûlé
pour une autre plus que pour moi
et que Lydie n'était pas (ne passait pas)
après Chloé,
moi Lydie d'un grand nom (illustre)
j'ai vécu plus glorieuse
qu'Ilia la Romaine.
HORACE
Chloé de Thrace
règne aujourd'hui sur moi,
Chloé qui sait de doux chants
et habile sur la lyre,
pour laquelle
je ne craindrais pas de mourir,
si les destins épargnaient
son âme survivant à moi.
LYDIE
Calaïs
fils d’Ornytus de Thurium
embrase moi
d'un feu (d’un amour) réciproque,
pour lequel (Calaïs) je souffrirais
de mourir deux fois,
si les destins épargnaient
ce jeune homme survivant à moi.
HORACE
Mais quoi,
si l'ancien amour revient,
et réunit sous un joug d'airain
nous séparés ?
si la blonde Chloé
est rejetée,
et si ma porte s'ouvre
à Lydie repoussée ?
LYDIE
Bien que celui-là (Calaïs)
soit plus beau qu'un astre,
toi plus léger que le liège,
et plus irritable
que la mer Adriatique violente;
c'est avec toi que j'aimerais à vivre,
avec toi que je mourrais de bon cœur.
HORACE.
Tant que j'ai su te plaire, et que nul amant préféré n'entourait de ses bras ton cou d'albâtre,
j'ai vécu plus heureux que le roi des Perses.
LYDIE.
Tant que tu n'as pas brûlé pour une autre plus que pour moi, et que Lydie ne venait pas après Chloé,
Lydie, fière de sa renommée, a vécu plus glorieuse qu'Ilia, mère de Romulus.
HORACE.
Chloé de Thrace règne aujourd'hui sur moi ; Chloé, qui sait de si doux chants, et qui joue si bien de la lyre ;
pour elle je ne craindrais pas la mort, si les destins voulaient épargner sa vie.
LYDIE.
Calaïs, fils d'Ornytus de Thurium, embrase mon cœur de feux que le sien partage ;
pour lui je souffrirais mille fois la mort, si les destins voulaient épargner sa vie.
HORACE.
Mais quoi ! si notre ancien amour revenait, si de nouveau sous son joug il ramenait nos cœurs désunis ;
si je quittais la blonde Chloé, et que ma porte s'ouvrît encore pour Lydie ?
LYDIE.
Bien qu'il soit plus beau que l'astre du jour, et toi plus léger que la feuille, plus irritable que l'Adriatique,
c'est avec toi que j'aimerais à vivre, avec toi que je voudrais mourir.
Molière a donné une heureuse imitation de cette ode dans sa comédie-ballet les Amants magnifiques.
J.J. Rousseau semble avoir voulu en imiter aussi la forme et le mouvement dans son Devin de Village.