J’AI FAIT, dans les louanges adressées par Horace à Auguste, la part de la
conviction et de la vérité; il faut y faire aussi la part de l'exagération, non sans dire cependant qu’elle ne doit pas
être mise tout entière sur le compte du poète : il la reçoit des mœurs publiques, lesquelles, par haine et par crainte
de l'anarchie, se précipitent dans la servilité et préparent, pour un avenir bien prochain, les maux de la tyrannie ; il
la reçoit, à son insu, je le crois, des suggestions d'un gouvernement habile, qui n'a pas marchandé, acheté ses louanges,
on fait injure à Horace, on le méconnaît par une telle supposition, mais qui s'est emparé de ses sentiments ; il
conspire avec les armées, le sénat et le peuple à la formation, à l'établissement du pouvoir qui rassemble et confond
dans son unité tous les pouvoirs de l’Etat, en qui se personnifie l'Etat lui-même, non pas seulement son présent,
mais son passé et son avenir, qui peut dire, comme Louis XIV : L'État c'est moi.
Suivons la marche de cet établissement et indiquons ce qui appartient au poète dans une œuvre à laquelle ses vers n'ont pas été inutiles.
L'esprit de la politique d'Auguste fut de ménager les ombrages de Rome en maintenant les anciens noms, les anciennes formes, l'apparence des institutions, et, toutefois, de substituer par degrés, au jeu d'un gouvernement libre, son autorité absolue.
Il ne prend point les titres odieux et suspects de roi, de dictateur; il se contente de celui de prince, princeps, titre modeste du citoyen inscrit le premier sur la liste du sénat, et qui lui sert à couvrir l'usurpation progressive, la concentration en sa personne de tous les pouvoirs publics.
Les armées de César, auxquelles ses succès ont joint celles de Brutus, d'Antoine, de Lépide, l'ont fait le maître incontesté de l'empire. Il en reste le chef perpétuel sous le titre d'imperator, que son bon plaisir communique à d'autres pour commander, vaincre, triompher en son nom.
Il n'y a de consuls que lui-même ou ceux qu'il veut, et par l'autorité consulaire il dispose du sénat.
La victoire de César, la victoire d'Auguste a été remportée au nom du peuple. Aristote a dit, je crois, que la plupart des tyrans ont été démagogues. Les choses se sont ainsi passées à Rome. C'est le peuple de Rome qui est censé avoir vaincu avec César, avec Auguste. Auguste reste le représentant du peuple, sous le titre populaire de tribun perpétuel, qui le rend inviolable et sacré.
Ce n'est pas encore tout: il reçoit du sénat la surveillance des mœurs; l'imperator, le consul, le tribun perpétuel exerce aussi à perpétuité la censure. Cela se fait en 735 (1).
Que lui manque-t-il ? Le souverain pontificat ? Pour n'en pas affaiblir le caractère perpétuel, il attend patiemment que la mort de Lépide le lui apporte dans son intégrité (2). Lépide meurt en 741, et Auguste, au mois de mars 742, est fait grand pontife (3).
Il faut suivre dans l'histoire cet envahissement, cette conquête de tous les pouvoirs publics par Auguste, qui, sans ambition, à ce qu'il semble, s'arrange pour qu'on les lui offre, se fait prier pour les accepter, ne les accepte pas avec ce caractère de perpétuité que nous venons de leur donner, mais, ce qui revient au même, demande avec ponctualité qu'on les renouvelle aux époques légales, les possède enfin tous, est à lui seul ce qu'on appelait autrefois la république (4).
Le voilà devenu l'héritier, le légataire universel de la liberté, des conquêtes, de la gloire de Rome. Eh bien ! ce fruit de sept siècles de travaux au dedans et au dehors, Horace, dans ses vers, aidant la politique du prince, le confisque, pour ainsi dire, à son profit. Lisez ces odes (4) où tous les souvenirs de la république, jusqu'au sacrifice de Régulus, jusqu'au trépas de Caton, servent de cadre à la figure de celui qui, avec l'air de ne rien changer au régime de Rome, y a effacé jusqu'aux derniers vestiges de l'esprit républicain.
« Quel dieu chanter, quel demi-dieu, quel mortel ? » se demande-t-il dans le premier de ces deux morceaux ; et une magnifique énumération de toutes les gloires de 1'Olympe et de toutes celles de Rome, sans oublier la gloire récente de Caton d'Utique,
. . . . . . . . . . An Catonis
Nobile lethum ?
l’amène au vrai sujet de ses chants, au successeur de tous les grands hommes romains, qui gouverne la terre sous l’autorité des dieux. De même, dans l'autre morceau, l'humiliation des soldats de Crassus, qui ont pu vivre esclaves et soldats des Parthes, lui rappelle ce que pensait Régulus de pareils prisonniers, et comment il a mieux aimé aller reprendre ses fers que de donner à Rome le conseil de les racheter; et c'est par le tableau de sa rigide vertu, de son sublime sacrifice, qu'il célèbre les satisfactions obtenues des vainqueurs de Crassus par la politique d'Auguste. Ainsi, et Régulus, et Caton, et tous les grands hommes de la république romaine font, pour ainsi dire, cortège à Auguste dans les vers d'Horace. C'est ainsi encore (5), que les beaux-fils de l'empereur, Drusus et Tibère, et par conséquent l’empereur qu'il présente comme leur maître dans l'art de guerre, sont célébrés par de magnifiques souvenirs de Néron vainqueur d'Asdrubal, et de la seconde guerre punique.
Le poète, infidèle à son épicurisme, a quelquefois célébré l'âpreté, la rudesse des vieilles mœurs romaines, l'ancien esprit religieux de Rome (6); mais c'est pour flatter le législateur fort peu dévot et fort peu moral, qui voudrait, politiquement, réparer les ruines de la religion, et, en attendant, répare celles des temples; qui voudrait rappeler les habitudes et les vertus domestiques, et dont les édits en faveur du mariage portent le nom de consuls tous deux célibataires; réformes impuissantes, Horace le savait bien, lui qui a si bien dit : « Les lois, sans les mœurs, que sont-elles, que peuvent-elles ? »
. . . Quid leges sine moribus
Vanæ proficiunt (7) ?
qu’il a pu louer cependant, les jugeant sur leur intention, nous ne lui en faisons pas un reproche, mais à la gloire desquelles il a évoqué des souvenirs qui font d'Auguste le représentant des vieilles mœurs, comme il l'est de la gloire militaire et civile, de l'antique constitution de Rome.
Horace prend de même possession pour lui de tous les lauriers de l'époque présente. Auguste, bien qu'il se fût trouvé à plus d'une bataille, à Philippes, à Actium, dans la guerre des Cantabres, était un prince peu guerrier. Le poète n’en célèbre pas moins magnifiquement la part qu'il a prise à ces grandes affaires, aux dépens de ses lieutenants, les véritables généraux ; d'Agrippa par exemple, ou qu'il passe sous silence (8), ou qu'il ne nomme pas seul dans une ode faite pour lui (9) ; que dis-je ? aux dépens des plus grands hommes de guerre du temps passé, des Scipion, des Marius (10), qui n'ont rien fait de pareil; presque aux dépens d’Hercule auquel il le compare à son retour d'Espagne (11). Dans les vers d'Horace (12), comme dans les habitudes du régime impérial, Auguste est le seul général, le seul triomphateur de son temps ; on ne commande, on ne triomphe que par lui, et pour lui ; toutes les victoires sont les siennes; cet empire immense, c'est son bras qui le défend à la fois en tous lieux contre les Cantabres, les Bretons, les Germains, les Daces, les Parthes, les Arabes, contre les Indiens et les Sères ; les succès même, plus diplomatiques que guerriers, remportés sur les Bretons, sur l'Arménie, sur les Parthes, sont transformés en batailles gagnées par Auguste (13). En lui est personnifiée par le poète toute la gloire, toute la grandeur présente de l’empire, comme en lui résident en effet tous les pouvoirs publics de Rome.
Nulle part cette confusion volontaire ne paraît d'une manière plus éclatante que dans la pièce la plus officielle d’Horace ; celle que par l'ordre de l'empereur il composa, en 737, pour la célébration des jeux séculaires, dans le Carmen seculare. Dans ses vœux pour le maintien de la prospérité et de la grandeur de l'empire; l'empereur a toujours une place plus ou moins apparente; la maison du Palatin y brille en regard de Rome même :
Si Palatinas videt æquus arces,
Remque Romanam (14).
dit-il d'Apollon. Mais c'est peu de cette grandeur mortelle ; Horace y joint encore un caractère sacré : elle est établie par les dieux, exercée au nom des dieux. C'est, dans l'antiquité profane, le système du droit divin.
« Sous les rois tremble le troupeau de leurs sujets ; aux rois eux-mêmes commande Jupiter, l'illustre vainqueur des géants, dont le sourcil ébranle la nature. » (15)
Voilà le principe ; voici l'application :
« O père et conservateur de la race humaine, fils de Saturne, les destins t'ont confié le grand César, laisse régner
César avec toi.
« Soit qu'il triomphe justement de ces Parthes qui menaçaient le Latium, soit qu'il soumette, sous le ciel oriental,
les Sères et les Indiens, c'est à lui, au-dessous de toi seul, de régir par d'équitables lois le vaste univers. Toi,
cependant, de ton char bruyant, tu ébranleras l'Olympe, et tu lanceras ta foudre vengeresse sur les bois profanés. » (16)
Auguste est mis bien haut: le premier, dans le gouvernement du monde, après Jupiter. Le poète l'élèvera plus encore. Par la mention fréquemment renouvelée des chimériques aïeux de Jules César et de son fils adoptif, des Anchise, des Énée, des Iule, il montre les destins de Rome remis dès ses commencements, ses plus lointains commencements, aussi bien qu'à l'époque où sa constitution redevient monarchique, au temps des rois latins, des rois albains, des rois romains, au temps des empereurs, entre les mains d'une même famille, et d'une famille qui, par son origine, tient aux dieux eux-mêmes.
César l'avait dit, dans la tribune aux harangues, faisant l'oraison funèbre de sa tante Julie : « Ses aïeux maternels remontent aux rois ; ses aïeux paternels se rattachent aux dieux immortels eux-mêmes. Car d'Ancus Marcius viennent les Marcius Rex, dont sa mère portait le nom, et de Vénus viennent les Jules, auteurs de notre famille. Il y a donc dans sa race, avec la majesté des rois, les plus puissants parmi les hommes, la sainteté des dieux à qui sont soumis les rois. » (17)
Horace ne semble-t-il pas traduire la prose de César, lorsqu'il dit, dans les beaux vers que nous traduisions tout à l’heure :
Regum timendorum in proprios greges,
Reges in ipsos imperium est Jovis,.... (18)
Lorsqu'il remonte, comme si souvent Virgile, à la commune origine et de la famille des Jules et de Rome elle-même, l'une et l'autre venues des dieux ? (19)
J. César et Auguste sont donc préposés par Jupiter au gouvernement du monde, et ils le gouvernent sous son autorité immédiate, au-dessous seulement des dieux auxquels ils appartiennent par les liens de la parenté. Il ne reste qu'à les déclarer dieux eux-mêmes; et c'est ce que fait Horace, sous des formes diverses. Auguste est, dans ses vers, un fils des dieux, destiné à aller les rejoindre, et à partager avec eux, les honneurs du ciel quand il aura accompli ici-bas sa tâche mortelle ; ou bien encore, c'est un dieu descendu sur la terre qui, cachant sous la figure d'un homme les traits de sa divinité, daigne s'occuper, durant quelques années, de gouverner le monde (20).
Voilà tout le système des louanges données par Horace au triumvir Octave et à l'empereur Auguste, non pas avec cet ensemble, cette suite, mais partiellement, fortuitement, selon le caprice et le besoin.
Il est remarquable que ce système se retrouve chez Virgile absolument le même. L'Énéide peut être ramenée, tout entière, au dessein de résumer dans la seule personne d'Auguste tout le passé fabuleux et historique de Rome. Les Bucoliques et les Géorgiques sont pleines de la divinité d'Auguste.
Les deux poètes ont travaillé, dans le même temps, avec un même fonds d'idées, les mêmes formes, quelquefois les mêmes expressions, à une œuvre commune, celle de fonder, de consacrer, autant qu'il était en eux, ce qui s'établissait sous leurs yeux, le régime monarchique et théocratique de l'empire.
Ce serait de leur part le comble de l'adulation, s'ils y avaient travaillé seuls. Mais il faut dire à leur justificalion, ou du moins pour leur excuse, qu'ils ont seulement mis en vers, en vers admirables, ce qui se pensait, se disait, se faisait autour d'eux ; qu'ils ont été les magnifiques traducteurs des mœurs publiques, des actes publics, qu'ils ont conspiré avec tout le monde pour l'établissement de ce que tout le monde appelait, comme le terme et le remède des maux de l’'Etat, l'établissement du pouvoir d'un seul.
On ne peut méconnaître qu'ils ont l'un et l'autre obéi à un mot d'ordre, qu'ils se sont conformés à un programme du pouvoir. Ils n'ont pu être impunément les amis de Mécène et d'Auguste. Cette situation les a soumis à la nécessité d'éloges excessifs qu'ils ont seulement modérés par la délicatesse du tour, le goût exquis des paroles. Ces éloges ne sont pas sans conviction, et c'est ce qui les absout; mais il s'y mêle une exagération commandée, imposée, officielle, qui les refroidit malgré leur beauté poétique. Virgile et Horace n'ont pas été des flatteurs, il est dur, étroit, déclamatoire de le dire; mais ils ont eu leur part inévitable de la flatterie universelle où précipitait le besoin de l'unité dans le pouvoir.
Le dernier terme de cette flatterie, c'est l'apothéose, chose pour nous bien étrange, et même, au premier abord, incompréhensible. Il faut dire, cependant, quant aux poètes, qu'avant d'être chantée par eux, elle avait été proclamée par la superstition populaire et décrétée par les pouvoirs publics ; et quant aux Romains eux-mêmes, qu'elle n'était pas pour eux une nouveauté, qu'ils en avaient reçu les éléments, forts anciens, et de la Grèce, et de l'Orient, et des nations italiques, et même de leurs ancêtres. Qu'on me permette d'établir rapidement, à la décharge, s'il se peut, d'Horace, et, par occasion, de Virgile, et aussi de leur public, l'une et l’autre thèse.
En 710, on expose le corps de César dans une sorte de chapelle faite à la ressemblance du temple de Venus Genitrix ; par celle disposition est consacrée l'origine divine que s'attribuait la famille des Jules, et que César lui-même, cela a été rappelé tout à l'heure, ne s'était pas fait faute de célébrer du haut de la tribune aux harangues (21) . Vers le même temps, on élève sur le Forum, en l'honneur de l'illustre mort, une colonne, bientôt abattue par le parti contraire (22), puis sans doute relevée, puisque Suétone nous dit (23) le peuple était dans l'usage d'y sacrifier, d'y faire des vœux, d'y jurer, dans les contestations, par le nom de César. Viennent des jeux voués par lui à Venus Genitrix et donnés en son nom par son héritier ; tandis qu'on les célèbre, paraît une comète qui brille durant sept nuits et dans laquelle le peuple voit son âme transportée au ciel. Désormais, en mémoire de ce passage merveilleux, son image sera surmontée d'une étoile (24). Tout se prépare ainsi pour son admission officielle au nombre des dieux, que décrètent, en 712, les triumvirs, comme pour obéir au vœu populaire (25).
Cette première apothéose en prépare une seconde, celle d’Octave. On commence, en 718, après ses victoires sur Sextus Pompée, à lui ériger des temples; il les accepte dans les provinces à la condition qu'ils seront placés en même temps sous l'invocation de Rome, communi suo Romæque nomine ; mais à Rome même il les refuse obstinément, pertinacissime (26). Le sénat l'en dédommage en 725, lorsque, Antoine abattu, il est seul maître de l'empire. Un décret l’associe alors aux honneurs des dieux pénates ; on l'invoquera avec eux, on lui offrira comme à eux des libations dans les repas; il sera pour chaque citoyen l'objet d'un culte privé, puisqu'il n'a pas voulu recevoir de Rome elle-même un culte public (27). Ces apothéoses populaires, ces apothéoses légales expliquent, excusent peut-être, si elles ne les justifient pas, celles par lesquelles nos deux grands poètes les ont traduites dans leurs vers.
Bien des peuples, d'ailleurs, avant les Romains, avaient divinisé des mortels ; bien des poètes, avant Horace et Virgile, avaient chanté ces dieux d'origine terrestre. Les Grecs, de temps immémorial, avaient eu leurs héros, foule innombrable, répartie entre toutes ses villes et dans laquelle prenaient place, auprès de personnages fabuleux, des personnages historiques, tels que Lycurgue (28), tels que Harmodius et Aristogiton (29), tels que Gélon et Hiéron (30). Les peuples orientaux, qui rapprochaient les dieux des hommes, au lieu d'élever les hommes au niveau des dieux, avaient de tout temps incarné la divinité dans leurs souverains, Puis la conquête de l’Asie par Alexandre avait mêlé les deux méthodes; on avait usé de toutes deux pour Alexandre pendant sa vie et après sa mort; ses successeurs, les Séleucides, les Lagides, avaient consacré par les noms grecs de dieu épiphane, évergète, soter, c'est-à-dire visible, bienfaisant, sauveur, l'incarnation orientale qui leur attribuait ici-bas les honneurs du ciel. Nulle part la poésie n'était restée étrangère à ces serviles profanations, pas même dans Athènes (31), à plus forte raison dans Alexandrie, où les avaient chantées les vers des Théocrite (32), des Callimaque (33), ces maîtres immédiats de la poésie latine. N'aperçoit-on pas par quelles voies diverses l'apothéose s'est introduite, à l'époque qui nous occupe, dans les mœurs et dans la littérature des Romains, et d'où sont venues ces formes tantôt grecques, tantôt orientales, que lui ont données Horace et Virgile ?
Lorsque Catulle traduisait la pièce de Callimaque sur la chevelure de Bérénice, placée par la flatterie scientifique et poétique des Alexandrins parmi les astres, il ne pouvait guère se douter, lui auteur, de tant d'épigrammes sanglantes contre César, que ses vers, simple étude littéraire, étaient les précurseurs de ceux où Virgile d'abord, et puis Horace, allaient chanter l'astre de Jules, César lui-même et son héritier Octave divinisés à la voix du peuple par le sénat.
L’invasion à Rome d'idées et de pratiques si nouvelles était toutefois moins subite qu'elle ne pouvait le paraître. Bien des années auparavant, T. Q. Flamininus avait souffert que la folle reconnaissance des Grecs pour des bienfaits très équivoques l'associât, sur le frontispice de leurs temples et dans leurs cérémonies saintes, aux honneurs des dieux (34). D’autres proconsuls, sans doute, devinrent ainsi, hors de Rome et à son insu, des dieux pour leurs obséquieuses provinces (35). Ne voyons-nous pas dans Cicéron (36), qu'il n'avait tenu qu'à lui, car les fonds étaient faits, d'avoir un temple dans sa Cilicie ? N'a-t-il pas lui-même, dans l'égarement de sa douleur paternelle, voulu élever un temple à sa fille Tullia ? (37)
Mais c'est au temps du second triumvirat que se déclare chez les Romains la passion, la folie de l'apothéose. Il y a lutte même à cet égard entre les triumvirs. Si Octave, naguère parodiste, dans un repas clandestin, des fêtes de l’Olympe (38), ne laisse pas d'autoriser des bruits qui lui donnent pour père Apollon; Apollon auquel plus tard l'assimileront et sa statue, décoration de la bibliothèque Palatine, et de flatteuses figures poétiques; Antoine, de son côté, prétend descendre d'Anton, fils d'Hercule, et dans sa manière de s'habiller se donne des airs d'Hercule; variant, au reste, ses déguisements sacrilèges, à Athènes il se fait voir en Bacchus, à Alexandrie en Osiris (39). Leur adversaire, Sextus Pompée, n'est pas en reste; il se dit, lui, en souvenir des succès de son père et des siens propres sur mer, fils de Neptune, et, comme tel, s'habille d'une robe couleur d'azur (40). Horace a appelé, par dérision, Neptunius dux ce prétendu fils de Neptune, mais en se déclarant, contradiction piquante et ordinaire à l'esprit de parti, pour le fils d'Apollon.
On voit à quel point les voies étaient préparées aux entreprises théocratiques d'Octave et aux apothéoses poétiques de ses panégyristes. On peut trouver aux unes et aux autres des antécédents même en Italie, même à Rome.
L'Italie avait eu comme la Grèce ses héros, dont l'Énéide donne la liste jusqu'au fils de Vénus, Énée, demi-dieu par sa naissance et, à sa mort, l'un des dieux indigètes du Latium; jusqu'au fils de Mars, Romulus; Romulus placé par la législation des Douze-Tables parmi des demi-dieux qu'elle recommande à la dévotion des Romains (41), adoré à Rome comme un de ses dieux protecteurs, sous le nom de Quirinus. Quand se rétablit, sur les ruines des institutions républicaines, la forme monarchique et qu'on cherche à la fortifier par une consécration religieuse, c'est à cette tradition domestique que l'on se rattache. De là, dans les actes publics et, par suite, dans les poèmes qui s'en inspirent, tant d'appels au souvenir d'Énée, ce fabuleux auteur de la race des Jules; de là aussi, en 727, lorsque Octave va devenir Auguste, l'idée qu'on a d'abord de lui faire reprendre, comme au second fondateur et à la nouvelle divinité tutélaire de Rome, le saint nom de Quirinus (42), idée que les législateurs abandonnent par un reste de scrupule, mais qui n'est pas perdue pour les poètes (43).
D’autres modèles, italiques eux-mêmes, des Césars divinisés, c'étaient ces génies de la religion des Étrusques, qui avaient pris place dans la religion des Romains; génies tutélaires attachés à chaque homme, à chaque maison, à chaque rue, carrefour ou quartier, à chaque ville, à chaque contrée ; ces pénates, les uns privés, les autres publics, foule divine dans laquelle entraient et les morts restés les protecteurs perpétuels du foyer domestique, et ceux à qui la reconnaissance publique attribuait une sorte de patronage sur la cité. Avec eux s'étaient naturellement confondus les héros de la Grèce, qui leur ressemblaient fort ; Romulus avait pris sa place à la fois dans ces deux ordres de personnages célestes, marquant d'avance celle que la complaisance commune de la société, des lois, de la poésie attribuerait aux Césars et parmi les pénates et dans la compagnie de Bacchus, d'Hercule, d'Esculape, de Castor et Pollux (44).
Encore une explication; ce sera la dernière. Cette croyance d’origine étrusque qui plaçait auprès de chaque homme, dès sa naissance, sous le nom de son génie, le représentant abstrait de sa personnalité, le compagnon fictif de sa carrière mortelle, l'habitude de rapporter à ce génie tout ce qui concernait la personne elle-même, préparaient les esprits à voir dans le génie de l'empereur, que l'on attestait, par lequel on jurait avec tant de respect, l'être déjà sacré auquel devaient s'ajouter après la mort les attributs divins.
Tels sont, si je ne m'abuse, les divers courants d'idées, de traditions, d'habitudes, qui, de concert, ont amené les Romains de l'empire à l'égarement, pour nous si monstrueux, de leurs apothéoses. Quelle valeur ces apothéoses avaient-elles à leurs yeux ? Cela variait, je crois, avec les conditions.
Le peuple les prenait au sérieux, les acceptant volontiers et quelquefois même les imposant: c'était lui, on l'a vu, qui, avant la déclaration officielle des triumvirs, avait fait de César un dieu : In deorum numerum relatus est, non ore modo decernentium, sed et persuasione vulgi (45). Mais pour ceux qui voulaient être dieux, pour ceux qui décernaient ce titre, soit, légalement, par des décrets, soit, littérairement, par des vers, l'apothéose n'était qu'un moyen de gouvernemenl, un honneur d'étiquette, une forme poétique.
Il en avait été ainsi, je le pense, au temps d'Alexandre, s'il est vrai qu'il se soit fait déclarer par l'oracle d'Ammon fils de Jupiter, qu'à la manière des rois orientaux il se soit fait adorer comme dieu ; il en avait été ainsi au temps de ces Séleucides, de ces Lagides, qui ajoutaient à leurs noms des noms de dieux. Sans doute, ni Alexandre, ni ses successeurs n'avaient cru eux-mêmes à leur divinité ; ils y avaient tenu politiquement, comme à une chose utile, pour consacrer auprès des peuples leur autorité. Leurs flatteurs s'étaient empressés de l'accepter comme fournissant une expression de respect au-dessus des témoignages ordinaires qui ne suffisaient plus. Les poètes, enfin, ne s’étaient point refusés à en faire le thème de complaisants panégyriques.
La même chose se vit naturellement dans cette Rome où Varron venait de distinguer trois religions: une symbolique, servant de voile aux systèmes de la science ; une autre politique, instrument de gouvernement; une troisième littéraire, matière de compositions poétiques (46).
Il est bien clair que Jules César ne se croyait pas issu de Vénus, Auguste fils d'Apollon ou bien Apollon lui-même sous une forme humaine ; pas plus qu'Antoine et Sextus Pompée ne se prenaient réellement pour les personnages divins dont ils affectaient le costume et l'apparence. Ces dieux terrestres avaient l'inévitable conscience de leur infirmité mortelle, si spirituellement confessée depuis par Vespasien, lorsqu'il disait, à son lit de mort, avec un sourire : « Je sens que je deviens dieu. ».
Il est bien clair encore que, dans les hautes classes de la société romaine, les adorations reçues par les empereurs n’étaient, pour les législateurs eux-mêmes qui les avaient proposées et votées au sénat, pour les courtisans qui s'en rendaient les premiers interprètes, qu'un témoignage extraordinaire de respect ; qu'elles n'étaient, de plus, pour les poètes, qui, à leur tour, les reproduisaient dans leurs vers, qu’une forme littéraire consacrée.
Le sens qu'y attachent Virgile et Horace m'est expliqué par l’hommage mythologique que leur devancier, Lucrèce, démentant poétiquement sa philosophie irréligieuse, avait adressé à son maître Épicure :
« S’il faut parler comme le demande la majesté enfin connue de la nature, il fut un dieu, oui, un dieu... celui qui le premier
trouva la doctrine qu'aujourd'hui nous appelons sagesse, celui dont l’art retira la vie humaine du sein de tant de flots et de
tant de ténèbres, pour la conduire dans un port si tranquille et dans un séjour si lumineux.
« Compare avec ces divines inventions qu'on attribue à d'autres dans les temps antiques, Cérès, dit-on, a établi chez les
mortels l’usage du blé, Bacchus celui de la liqueur engendrée par la vigne. Sans cela cependant la vie pouvait encore se
maintenir, ainsi vivent, encore aujourd'hui, comme on l'assure, certaines nations. Mais, sans un cœur purifié par la
philosophie, quelle vie digne de ce nom, était possible ? C'est donc à bien plus juste titre qu’il nous paraît un dieu celui
par qui se sont au loin répandues chez les peuples ces douces consolations de la vie qui charment encore nos âmes. » (47)
Autre apothéose philosophique, plus voisine encore des apothéoses politiques de l'empire. On lit dans saint Augustin (48) qu'un contemporain d'Horace, dont on lui a reproché d'avoir raillé les exagérations stoïciennes (49), le grave Antistius Labéon, mettait Platon au rang des demi-dieux, avec Hercule et Romulus; et saint Augustin; qui allègue ce fait, use lui-même littérairement de cette forme de louange pour Platon, qu'il trouve si supérieur à la morale et à la religion des anciens, qu'il est tenté, dit-il, de l'appeler, comme Labéon, un demi-dieu et même un dieu.
C'est littérairement aussi que chez nous, au dix-septième siècle, le grand roi est devenu, sous toutes les formes de l'art, sculpture, peinture, poésie, un dieu de la Fable, souvent Mars, souvent, comme Auguste, Apollon. J’assimilerais volontiers à ce paganisme littéraire les apothéoses de Virgile et d'Horace. En ce qui concerne leurs auteurs et abstraction faite de cette portion encore croyante du public romain qui pouvait les prendre au sérieux, elles ne sont guère autre chose.
Qu'on veuille bien le remarquer: c’est surtout dans ses odes, dans des pièces où l'imagination peut librement s'aventurer, qu'Horace a donné à l'éloge du prince ce tour mythologique. Il en use beaucoup plus sobrement dans ses satires et dans ses épîtres. Ainsi est mise en quelque sorte sous le couvert de l'emportement lyrique l'exagération que lui imposent les convenances. Dans les odes, c'est le poète qui parle, et qui parle en poète; ailleurs, c'est l'homme dont la parole sera entendue dans son sens littéral et qui ne veut pas sortir des bornes d'une honnête complaisance.
Cette distinction n'est point imaginaire ; elle a été faite tout d'abord par un observateur très intéressé à la faire et très clairvoyant. Auguste s'était bien aperçu, avec quelque dépit, que, dans les épîtres d'Horace, l'éloge du prince était devenu plus mesuré et aussi plus indirect; il s'en plaignit au poète lui-même par une lettre qu'il ne faut pas omettre. C'est une pièce importante de ce procès instruit sur l’indépendance et la dignité du caractère d'Horace.
« Sachez que je suis fâché contre vous de ce que dans les ouvrages de cette sorte ce n'est pas avec moi que vous causez de préférence. Avez-vous, donc peur de vous faire tort auprès de la postérité en y laissant paraître que vous êtes mon ami ? » (50)
Le biographe qui nous a conservé cette lettre ajoute qu'Auguste arracha ainsi à Horace la pièce qui ouvre son second livre d'épîtres. Or, c'est un morceau où ne se montre pas moins la délicatesse de ses sentiments que celle de son esprit. Le prince y est loué d'abord en quelques mots, qui résument tout son règne, de ce dont le louera l'histoire; le culte dont, à la différence des autres héros, on l'honore de son vivant y est ensuite rappelé, mais tourné en allégorie de la victoire, si rare en cette vie même, du mérite sur l'envie. Ce n'est, du reste, qu'une transition rapide pour arriver au sujet principal de l'épître, la querelle, déjà engagée à Rome, des anciens et des modernes. D'ingénieux développements ramènent par une voie détournée au point de départ, l'excuse du poète qui ne loue pas le prince autant que le souhaiterait celui-ci. Ce n'est pas que le rôle de panégyriste lui semble manquer de noblesse, bien au contraire: il le présente, dans de fort beaux vers, comme une sorte de sacerdoce du souverain pouvoir. Mais ce rôle appartient à de plus dignes et il est de l'intérêt d'Auguste que les plus dignes seuls y prétendent.
De cette pièce d'Horace, un de ses derniers ouvrages, on le place en l'année 744, il ressort avec évidence que le poète a plutôt disputé ses louanges au pouvoir qu'il ne les lui a offertes, qu'il se les est fait demander et souvent et longtemps, qu'il les a accordées dans sa mesure et à ses heures. Si les recherchant dans son recueil, les rapprochant, les comptant, on faisait une sorte de statistique de ce qu'on a appelé son adulation, on arriverait à des chiffres qui justifieraient peu un mot si dur.
Cela s'élève, sauf erreur, c'est un des droits de la statistique, à trente et quelques passages laudatifs qu'il faut distribuer entre trente années, depuis 716, époque présumée des premières relations d'Horace avec le prince, jusqu'en 746, époque de sa mort. La part annuelle ne semble pas bien forte, surtout si l'on considère que dans ces passages l'éloge est la plupart du temps accidentel, indirect, jeté en passant, mêlé à autre chose, et qu'il n'y a guère que seize pièces qui lui soient spécialement consacrées. Ces seize pièces correspondent à un certain nombre d'époques où l'importance, la nature particulière des circonstances exigeaient du poète qui avait accepté le patronage de Mécène et la faveur d'Auguste de semblables témoignages. Remarquons que la plus ancienne est une épode (51) composée, à la première nouvelle de la victoire d'Actium, en 723, c'est-à-dire sept ans environ après l'admission d'Horace dans la familiarité du ministre d'Octave et dans celle du prince lui-même. Il ne s'est pas pressé assurément de commencer son rôle de panégyriste. Une seconde pièce (52), qui est de 724, célèbre le même événement; d'autres ont trait aux triomphes d'Octave et à son élévation aux honneurs divins en 725, aux titres de Prince et d'Auguste, qui lui sont décernés en 727 (53) ; aux expéditions qu'il projette en cette même année 727 contre les Bretons et contre les Arabes (54) ; à la guerre qu'il fait aux Cantabres de 727 à 730 (55) ; aux soumissions qu'il obtient des Bretons et des Parthes en 734 (56) ; aux lois qu'il rend en 736 pour la correction des mœurs publiques (57) ; aux jeux séculaires qu'il fait célébrer en 737 (58) ; aux victoires remportées en son nom par ses beaux-fils Tibère et Drusus sur les Vindéliciens et les Rhétiens, en 739 (59) ; à son retour à Rome en 741, après trois ans de voyages en Germanie, en Gaule, en Espagne (60); enfin, dans des peintures générales, qu’on croit pouvoir dater de 744, aux grands actes, aux prospérités de son règne (61).
Sur ces seize pièces, trois seulement sont directement adressées à Auguste. (62) Dans d'autres il ne lui parle que par forme d'apostrophe imprévue. Le plus souvent il parle de lui à la troisième personne, le désignant quelquefois, sans te nommer, par une simple allusion.
Une nuance assez légère distingue de ces seize pièces cinq ou six, je crois (63), dans lesquelles Horace renvoie à d'autres le soin de louer le prince, faisant toutefois sous forme de prétermission, empruntons encore ce terme à la rhétorique, ce dont il semblait vouloir s'abstenir, et, par ce détour, déguisant et parant ses louanges.
Elles ont partout ailleurs, dans le reste des passages que nous pourrions parcourir, quelque chose de fortuit, d'imprévu, d'involontaire, de propre tout ensemble et à sauver la délicatesse de celui qui les offre et à ménager la pudeur de celui qui les reçoit. Auguste était difficile à cet égard; regimbant, c'est l'énergique expression d'Horace (64), contre les louanges maladroites et brutales, s'inquiétant, dit Suétone (65), du zèle indiscret des poètes, les contenant par sa présence à leurs lectures, ou par la surveillance des préteurs.
Concluons qu'Horace, rattaché par la nécessité des temps à un gouvernement absolu, a loué, autant par conviction que par reconnaissance personnelle, le représentant de ce gouvernement; qu'il l'a fait avec le sentiment de l'utilité politique de ses éloges, avec discrétion, avec mesure; que l’exagération à laquelle il s'est quelquefois laissé entraîner lui était imposée par des convenances impérieuses, et qu'il a mis à l'atténuer toute la délicatesse de son esprit, reflet charmant de la délicatesse de son caractère.
La mesure de la flatterie est dans l'ambition de celui qui flatte. Or, l'ambition d'Horace était uniquement le maintien de sa modeste aisance. Mécène l'avait assurée par une libéralité à laquelle, selon Suétone (66), s'ajouta dans la suite une autre encore, mais contre le vœu du poète qui ne l'avait pas souhaitée; lui-même l'a dit, et il est de ceux à la parole desquels on peut croire.
« Je ne demande point à mon puissant ami plus qu'il ne m'a donné. La petite terre que je possède dans la Sabine suffit à ma richesse. » « La fâcheuse pauvreté est loin de moi, et je voudrais davantage, que tu ne me refuserais pas. » (67)
Horace craignait, par-dessus toutes choses, de trop engager son indépendance (68). C'est par le même souci que, se refusant à la richesse, il se refusait aussi aux emplois. Une grande occasion s'offrit à lui ; il n'en profita pas. Auguste vieillissant, fatigué, ne suffisant plus à sa correspondance, voulut le faire son secrétaire ; il déclina cet honneur, prenant pour prétexte sa santé, mais, bien évidemment, pour ne pas faire le sacrifice de sa chère liberté.
Auguste ne lui en sut pas mauvais gré ; il le témoigna par des lettres qui honorent infiniment les rapports de l'empereur et du poète :
« Usez des droits que vous avez sur moi, comme si vous étiez devenu mon commensal ; et vous le seriez, je le voulais,
si votre santé eût permis que nous vécussions ensemble de cette manière.
« Notre cher Septimius pourra vous dire, comme d'autres, quel souvenir je conserve de vous. L'occasion s'est offerte de
m'exprimer devant lui sur votre compte. Si vous avez cru devoir mépriser mon amitié, je ne vous paye point du même mépris. » (69)
Étrange courtisan que celui à qui Auguste a pu écrire de telles lettres ; j'ajouterai, celui que Mécène mourant a pu recommander à Auguste en ces termes : « Souvenez-vous d’Horace comme de moi-même (70) ; » celui dont la tombe s'est élevée si vite auprès de celle de Mécène ; et sur la pierre duquel on eût pu écrire, pour épitaphe, les vers où il avait pris l’engagement de ne pas survivre à son ami:
« Si le destin, hâtant ses coups, me ravissait, en toi, la moitié de mon être, qui retiendrait l'autre, désormais sans prix
et mutilée ?
« Le même jour verra notre double ruine. Ce n'est point là un vain et trompeur serment. Je suis prêt, oui, je suis prêt,
quand le moment sera venu, à partir avec toi pour le dernier voyage... » (71)
[ Fin du chapitre IV ]
1. Dion Cass., LIV, 10.
2. Suet., Oct. Aug., 31.
3. Dion Cass., LIV, 27; Ovid., Fast., III, 415, sqq.; Foggin. Verr, Flacc. Fast. etc., 1779, p.23
4. Carm., I, XII; III, V.
5. Ibid., IV, 4.
6. Carm. III, VI, XXV.
7. Ibid., III, XXIV, 35.
8. Ibid., I, XXXVII, 16.
9. Ibid., I, VI, 11.
10. Epod. IX, 2, 23 sqq.
11. Carm., III, XIV, l, sqq.
12. Ibid., IV, IV, XIV.
13. Ibid.; II, IX, 17 sqq.; III, V, 1 sqq.
14. V. 65.
15. Carm., III, l, 5 sqq.
16. Ibid., I, XII, 50 sqq.
17. Suet., C. J. Caes. 6.
18. Carm., III, l, 5 sqq.
19. Ibid., I, II, 17 sqq.; III, III, 11 sq.; IV, IV, 53 sqq.; VI, 21; XV, 31 sq.; Carm. sec. 37 sqq.
20. Carm., I, II, 41 sqq.; III, V, 1 sqq.; XXV, 3 sqq.; IV, V, 33 sqq.
21. Suet., C. J. Caes., 6, 84.
22. Cic., ad div., XII, 1; IX, 14; ad Attic. XIV, 15; Philipp., I, 2; II, 42. ;
23. C.J. Caes.. 84.
24. Dion Cass., XLV, 6, 7; Appian., Bell. civ., III, 28; Plin. Hist. nat., II. 25; Senec., Quaest. nat., VII, 17;
Plutarch., Caes. vita., 69;. Virg. Eclog. IX, 47.
25. Suet. C. J. Caes. 88.
26. Id. Oct. Aug. 52
27. Dion Cass. LI, 19.
28. Herodot., I, 66; Pausan., Lacon., III, 16; Plutarch., Lycurgi vita.
29. Athen., XV.
30. Diod. Sic. XI, 38, 66.
31. Plutarch., Demetr. vita, XII sqq.; Athen., VI, 63.
32. Theocrit. Idyll. XVII.
33. De coma Berenices, Catull., Carm. LXVI.
34. Plutarch , Flaminin. vita, XXIII. Voir à ce sujet un mémoire de l’abbé Mongault, dans le recueil de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, t. I, p. 353.
35. Suet., Oct. Aug., 52.
36. Epist, ad Quint. fratr., I, I, 9, 26,
37. Consolat fragm. (Lactant. I, 15); ad Attic., XII, 19, 22, 36, 41, etc.
38. Suet., Oct Aug. 70.
39. Plutarch., Antonii vita.
40. Dion Cass., XLVIII, 19 ; Schol. ad. Horat. Epod., IX, 7.
41. Cic., de Leg., II, 8; cf. 11.
42. Suet. Oct. Aug., 7; Flor., IV, 12, 66.
43. voir Virgile, Georg., III, 27; Æneid., VI, 791; Horace, Carm., III, 3; Epist. II, I, 4 sq. etc.
44. Cic. de Leg. II, 8 ; Horat. Carm., IV, V, 33 sqq. ; XV, 25 sqq.
45. Suet., C.J. Caes. 88
46. D. Augustin., de Civit. Dei, VI, 5 sqq.
47. De Nat. rerum, V, 7 sqq.
48. De Civit. Dei, II, 14
49. Sat., I, III, 82.
50. Suet., Q. Horatii Flacci vita.
51. Epod. IX.
52. Carm., I, XXXVII.
53. Ibid., I, II; III, III, XXV
54. Ibid., I, XXXV.
55. Ibid., III, XIV.
56. Ibid., IV, V.
57.Ibid., III, VI, XXIV.
58. Carm. sec.
59. Carm., IV, IV, XIV.
60. lbid., IV, V.
61. Ibid., IV, XV; Epist., II, I
62. Carm., IV, V, XIV; Epist., II, 1.
63. Carm., I, VI; II, IX, XII; IV, II; Epist., I, IV cf. Carm., I, XIX; Sat., II, I.
64. Sat., II. I, 20.
65. Suet., Oct. Aug., 89.
66. Q. Horatii Flacci vita.
67. Carm. II, XVIII, 12 sqq.; III, XVI, 37 sq.
68. Epist., I, VII.
69. Suet., Q. Horatii Flacci vita.
70. Suet., ibid.
71. Carm., II, XVII, 5 sqq.