ODE III, 13 : À la fontaine de Bandusie — Il lui promet un sacrifice et l'immortalité.
À LA FONTAINE DE BANDUSIE
Fontaine de Bandusie, plus claire que le cristal, tu mérites un doux tribut de vin couronné de fleurs; demain je te ferai l'offrande d'un chevreau.
Son front, enorgueilli de ses cornes naissantes, lui promet des amours et des combats : menteuse promesse ! ce folâtre enfant du troupeau
rougira de son sang tes eaux limpides.
Les feux dévorants de la Canicule ne sauraient t'atteindre; tu offres aux bœufs fatigués du joug et aux troupeaux errants une délicieuse fraîcheur.
Toi aussi, Bandusie, tu seras comptée parmi les fontaines célèbres; je chanterai le chêne qui domine la grotte d'où jaillissent tes eaux murmurantes.
v.1 : fons Bandusiae. De cette fontaine sortait le ruisseau de Mandèle, qui arrosait le pays de Sabine, où était la terre
d’Horace.
v.2 : dulci digne mero non sine floribus. Dans les sacrifices, les Romains couronnaient de fleurs les coupes remplies
de vin. Servius, sur le liv. I de l'Énéide : Antiqui coronabant pocula et sic libabant. Aussi Virgile (Én., III, 525), parlant
d'Anchise, qui se préparait à faire une libation :
Magnum cratera corona
Induit, impleuitque mero, diuosque
uocavit.
Coronare uina doit donc s'entendre généralement quand on faisait des libations, des coupes couronnées de fleurs ;
mais nous croyons que coronare uina a quelquefois un sens figuré, et qu'on doit entendre alors par ces mots la
couronne de mousse que forme le vin sur les bords de la coupe.
Nous avons du moins ainsi traduit le uina coronant de Virgile (Én., liv. I, v. 724):
Crateras magnos statuunt et uina coronant.
v.9 : atrox hora. Hora pour le temps, la saison : ici, les jours caniculaires.
v.10 : nescit pour non potest. Notre langue se sert du verbe savoir dans le même sens ;
mais au conditionnel seulement.